Menu
Libération

Skripal : l’un des suspects identifié

publié le 27 septembre 2018 à 20h36

Le feuilleton d'espionnage les Pieds nickelés à Salisbury continue. C'est au site d'investigation russe The Insider et à son homologue britannique Bellingcat que l'on doit les dernières révélations. L'un des deux agents du renseignement militaire russe (GRU) accusés par Londres d'avoir empoisonné l'ex-espion Sergueï Skripal et sa fille - dont Londres avait publié la photo et le nom (d'emprunt) - a été identifié. «Rouslan Bochirov», le «simple civil», dixit Vladimir Poutine, parti pour faire du «tourisme» à Salisbury, dixit lui-même, est en réalité le colonel Anatoli Tchepiga, un officier du GRU maintes fois décoré.

Anatoli Vladimirovitch Tchepiga, né en 1979, dans l'oblast de l'Amour, à la frontière chinoise, a été formé dans une prestigieuse académie militaire. Après des études brillantes, Tchepiga a servi au sein de la 14brigade du Spetsnaz, une unité d'élite du GRU qui a joué un rôle important dans la deuxième guerre de Tchétchénie. Il y aura été déployé à trois reprises et en aurait rapporté une vingtaine de décorations. En décembre 2014, Tchepiga, devenu entre-temps un officier clandestin du GRU affublé de l'identité de «Rouslan Bochirov», a reçu le plus haut titre honorifique qui soit, héros de la Fédération de Russie, décerné par Vladimir Poutine en personne pour «service à l'Etat et la nation russes, souvent en lien avec un exploit ou acte de bravoure». En croisant ses informations, le site a déduit que «l'exploit» en question avait dû avoir lieu en Ukraine de l'Est.

«Il n'y a aucune preuve, donc ils continuent leur campagne sur le front de l'information dont le seul but est de détourner l'attention de la principale question : que s'est-il passé à Salisbury ?» a fulminé sur Facebook la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. «Quand aurons-nous la moindre preuve de l'implication de qui que ce soit dans, comme dit Londres, l'empoisonnement de Salisbury ?» poursuit-elle, peu convaincue par les éléments fournis parBellingcat sur l'identité et la présence des deux «touristes» dans la ville britannique, les 3 et4 mars, jour où les Skripal ont été empoisonnés.

Une des ex-camarades de classe de Tchepiga a moins de doutes. «C'est lui, Tolia», diminutif d'Anatoli, a confirmé, interrogée par le quotidien russe Kommersant, une habitante du village de Berezovka, où la famille de Tchepiga a vécu pendant de longues années. «C'est lui, à 100 %. Ce sont ses yeux noirs, sa voix», poursuit-elle, disant avoir reconnu son vieux copain dans toutes les publications qu'elle a lues ces derniers temps.