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Libération
Éditorial

Court terme

publié le 30 septembre 2018 à 19h56

Empêtré depuis des semaines dans l'affaire Kavanaugh, moqué il y a quelques jours dans l'enceinte même des Nations unies, raillé quasi quotidiennement à travers la planète entière, dans la presse ou sur les réseaux sociaux, Donald Trump va-t-il enjamber sans trop de difficultés l'obstacle des élections de mi-mandat ? Le président américain, d'ici le 6 novembre, ne va pas se faire prier pour mettre en avant ses bons résultats économiques. Croissance soutenue, salaires en hausse, consommation des ménages dopée, chômage au plus bas, sans oublier Wall Street qui n'en demandait pas tant. L'Amérique de Trump n'est pas, loin s'en faut, «great again», mais la mise en œuvre de ses promesses de campagne, notamment celle sur les tarifs douaniers, produit des résultats. A court terme, c'est difficilement réfutable. D'ici ce rendez-vous électoral crucial pour lui, l'histrion de Washington peut donc bomber le torse, pas besoin de lui donner de conseils, il sait faire. Sauf que… Premièrement, ses résultats, tout le monde le dit, tout le monde sait aux Etats-Unis, et pas seulement les économistes démocrates, sont fragiles. Pire : les mêmes décisions qui aujourd'hui bénéficient à certains secteurs industriels dans tel Etat ou telle ville seront rapidement catastrophiques pour d'autres secteurs dans l'Etat ou la ville d'à côté. Deuxièmement, cette embellie court-termiste repose sur une mise sous tension des relations commerciales internationales, par le Président, potentiellement dévastatrice. Car ce protectionnisme économique faussement vertueux a deux petits frères jumeaux qui progressent au même pas dans les couloirs de la Maison Blanche : ce nationalisme politique et ce patriotisme diplomatique dont se vante Trump. Ils sont, eux, l'histoire l'a prouvé, réellement dangereux. Pour la bonne santé de l'économie, mais pas seulement.