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Frasques

Elon Musk prend du recul à Tesla mais reste au volant

Accusé de manipulation de cours par le gendarme américain de la Bourse, le fantasque patron du constructeur automobile démissionne de la présidence de l'entreprise. Il conserve néanmoins la fonction de directeur général opérationnel.
Elon Musk, le 17 septembre 2018 à Hawthorne, en Californie (Photo David McNew. AFP)
publié le 30 septembre 2018 à 14h25

La route est toujours aussi sinueuse et chaotique pour Elon Musk. Cerné par des polémiques à répétition, l'emblématique patron de Tesla a dû renoncer samedi à son poste de président du conseil d'administration du constructeur automobile, dont il est l'actionnaire de référence. Il a été poussé à la démission par le gendarme américain de la bourse, la SEC (Securities and Exchange Commission), qui l'accusait de «fraude». Considéré comme un génie visionnaire par certains, l'entrepreneur a également accepté de payer une amende de 20 millions de dollars, qui s'ajoute à une autre du même montant que réglera la compagnie.

Musk n'abandonne pas pour autant le volant de Tesla, puisqu'il conserve ses fonctions de directeur général. Il sauve donc l'essentiel. L'accord conclu avec la SEC lui interdit de reprendre la présidence du conseil avant trois ans et impose la nomination de deux nouveaux administrateurs indépendants. En échange, la culpabilité de Musk n'est pas officiellement reconnue. «L'ensemble des mesures annoncées aujourd'hui sont faites pour répondre aux actes reprochés en renforçant la gouvernance d'entreprise de Tesla et la supervision, afin de protéger les investisseurs», justifie Stephanie Avakian, codirectrice à la SEC.

Manipulation de cours

La SEC avait annoncé jeudi son intention de poursuivre le milliardaire, l'une des plus éminentes «rock stars» de la Silicon Valley. Elle lui reprochait une série de messages publiés le mois dernier sur le réseau social Twitter, dans lesquels le boss du fabricant de voitures électriques de luxe assurait avoir le financement nécessaire (auprès d'un fonds souverain saoudien notamment) pour racheter les actions de Tesla à un prix unitaire de 420 dollars et vouloir retirer ensuite l'entreprise de la cotation. Ces déclarations publiques avaient fait monter la valeur du titre de l'entreprise. La SEC estimait qu'elles étaient mensongères et s'apparentaient à une manipulation de cours. D'où l'accusation de fraude. D'après le gendarme de la Bourse, Musk a évoqué ce chiffre de 420 dollars pour impressionner sa compagne…

Depuis deux mois, le cours de l'action de Tesla, valorisée autour de 45 milliards de dollars (soit autant que General Motors), fait le yo-yo au gré des frasques d'Elon Musk, dont Wall Street et la tech californienne se demandent s'il ne frise pas le burn-out. Montée aux alentours de 380 dollars au moment où Musk promettait de la racheter 20% au-dessus de sa valeur, elle s'est effondrée vendredi de 14%, plongeant à 265 dollars, après les menaces de poursuite de la SEC. Début septembre, elle avait déjà lourdement chuté quand, à peu près au même moment, les marchés avaient appris le départ du directeur financier, et surtout lorsque Elon Musk, décidément en roue libre, avait fumé un gros joint d'herbe, verre de whisky à la main, à l'antenne d'une émission live sur le Web…

Confiance

Cette prise de recul d'Elon Musk intervient alors que Tesla est toujours dans une situation financière critique. Quinze ans après sa création, le constructeur n'a toujours pas dégagé le moindre profit sur douze mois. Il garde néanmoins la confiance de la plupart des investisseurs grâce à la réputation créative de son patron. Présent au Salon de l'automobile qui s'ouvre jeudi à Paris, le fabricant de voitures sera l'une des grandes attractions de ce rendez-vous incontournable de l'industrie, avec sa Model 3, son premier véhicule électrique grand public qui doit lui permettre d'atteindre la rentabilité. Enfin, quand un Elon Musk un peu moins surmené aura réglé tous les problèmes de production et de logistique rencontrés avec cette voiture dont la livraison a pris des mois de retard.