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Libération

Enquête après la disparition du patron chinois d’Interpol

publié le 5 octobre 2018 à 20h26

Sur la page d'accueil du site d'Interpol se trouve un petit onglet «Missing Persons». Y retrouvera-t-on le nom du président de l'organisation ? Celui-ci est porté disparu depuis fin septembre. Meng Hongwei, un ressortissant chinois élu à la tête d'Interpol il y a presque deux ans, n'a pas donné de nouvelles après son départ en Chine, fin septembre. Inquiète, son épouse, qui habite à Lyon où siège l'institution internationale, a informé les autorités françaises, comme l'a révélé vendredi Europe 1. Le parquet de Lyon a ouvert une enquête. Son épouse a été entendue par la police judiciaire. Selon le quotidien de Hongkong South China Morning Post, Meng a été interpellé dès sa descente de l'avion pour des motifs encore indéterminés. Vendredi soir, la Place Beauvau a révélé que sa femme faisait l'objet de menaces et s'est dite «préoccupée».

Meng Hongwei, 64 ans, a occupé de hautes fonctions en Chine. Avant Interpol, où il a remplacé la Française Mireille Ballestrazzi, figure de la PJ, Meng œuvrait comme vice-ministre chargé de la Sécurité publique. Un poste pas neutre dans un Etat policier. «Nous avons des preuves des abus du ministère de la Sécurité publique, par exemple son usage de la torture, de la détention arbitraire et de la persécution des défenseurs des droits humains», confiait lors de sa nomination à Interpol Maya Wang, de Human Rights Watch.

Meng avait une autre casquette au sein du Parti communiste chinois, celle de vice-président du comité de l'organisation du parti au sein de l'appareil de sécurité publique. «On fait entrer le Parti communiste chinois dans Interpol», s'était alarmé Nicholas Bequelin, directeur d'Amnesty International pour l'Asie de l'Est. Ces inquiétudes étaient nourries par le rôle très stratégique d'Interpol, organisation qui favorise les échanges entre les polices des 192 Etats membres. Pékin menait alors une campagne de rapatriement d'escrocs et de fraudeurs présumés, dans certains cas pour servir ses intérêts, selon les organisations de défense des droits de l'homme. Le poste de président, qu'occupe Meng, reste néanmoins écarté des missions opérationnelles, dont la gestion des fameuses notices d'Interpol.