Un «miracle» : c'est ainsi que la plupart des observateurs ont réagi à la vue de cette maison chancelante de Beer Sheva, grande agglomération du sud d'Israël, aux vitres soufflées, parpaings à nu et tiges de fer protubérantes, frappée en pleine nuit par une roquette longue portée en provenance de la bande de Gaza, à 45 km de là. Le miracle ? C'est que la mère de famille et ses trois enfants se trouvant à l'intérieur ont pu rejoindre leur abri et en sortir indemnes. Sans cela, nul doute qu'une nouvelle guerre entre Israël et le Hamas, qui contrôle le territoire palestinien sous blocus, serait apparue inévitable aux yeux du pouvoir israélien, après des mois de tensions croissantes. Pour le reste, les certitudes s'érodent. Dans les heures qui ont suivi, les principales factions palestiniennes, dont le Hamas et le Jihad islamique, ont nié toute implication dans les tirs matinaux. Deux autres tentatives ont eu lieu : la deuxième roquette, en direction de Tel-Aviv, s'est abîmée en mer, et une troisième a été anéantie par une frappe israélienne au moment de son lancement. Les factions, Hamas en tête, voient derrière ces tirs une «tentative irresponsable de sabotage» des pourparlers organisés dans la bande de Gaza avec une délégation égyptienne chargée d'établir un cessez-le-feu de longue durée avec Israël et de ressusciter le processus de réconciliation intrapalestinienne. Dernière preuve que le timing ne doit rien au hasard : Abbas Kamel, le chef du renseignement égyptien, était attendu jeudi dans l'enclave pour la première fois depuis le début des discussions, engagées fin août. Il a finalement annulé sa visite. De son côté, l'armée israélienne accuse à demi-mot le Hamas de duplicité : seuls le Hamas et le Jihad islamique disposent, selon elle, de ce type de roquette. Par ailleurs, l'Etat hébreu tient par principe le mouvement islamiste pour responsable de tout acte belliqueux en provenance de l'enclave. En réponse, les avions israéliens ont pilonné une vingtaine de cibles militaires, toutes vides. Signe que l'Etat hébreu souhaite pour l'instant contenir l'escalade. Mercredi après-midi, Benyamin Nétanyahou s'est fendu d'une rare visite dans le sud du pays. D'où il a de nouveau promis qu'Israël agirait «avec une grande force» si «ces attaques continuent».
Une roquette tirée de Gaza rallume les tensions avec Israël
publié le 17 octobre 2018 à 19h46
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