Un rayon de soleil dans un ciel de nuages bruns ? Les «midterms», élections intermédiaires, se présentent plutôt bien pour la gauche américaine. Prudence : les scrutins de mi-mandat sont en général favorables à l’opposition, ce qui relativise la percée démocrate ; les sondages sont très incertains aux Etats-Unis et Trump a démontré sa capacité à créer la surprise ; le Parti démocrate reste divisé, entre «réalistes» et «progressistes». Mais enfin : les démocrates ont réussi à renouveler leurs candidats, qui sont souvent des candidates, ils ont rénové leur discours, mieux rallié les minorités tout en mobilisant le cœur de leur électorat ; ils peuvent espérer reconquérir une majorité à la Chambre des représentants. Ils bénéficient aussi, peut-être surtout, de la vaste réaction suscitée par les outrances et les embardées de Donald Trump, ses attaques contre les femmes, les minorités et la planète. Gauchissement ? A l’aune américaine, certainement, même si leurs propositions les plus audacieuses consistent pour l’essentiel à préconiser des mesures sociales en vigueur depuis longtemps en Europe. S’il se confirme, ce début de redressement est un message pour tous les démocrates en butte à la montée du nationalisme autoritaire à travers le monde. Les politiques centristes menées par les gauches un peu partout, en Europe notamment, ne suffisent plus. Impuissantes à enrayer la montée des inégalités, trop conciliantes avec l’establishment, appuyées sur les classes moyennes diplômées bien plus que sur les classes populaires, elles ont fini par détourner la base traditionnelle de la gauche des partis supposés les représenter. Rajeunis et revigorés par l’adversité, les démocrates relèvent la tête aux Etats-Unis. Ils ont des idées, un projet, une énergie. Tout ce qui manque, pour l’instant, dans tant de pays, à la gauche européenne.
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