Les élections législatives en Afghanistan se sont tenues dans le chaos ce samedi, avec de multiples attaques à la roquette ou avec des engins explosifs et d’importants problèmes logistiques dans les bureaux de vote. En fin de journée, des dizaines d’incidents sanglants avaient été signalés.
Le plus grave à ce stade s’est produit dans la capitale Kaboul alors que la nuit commençait à tomber, faisant au moins 15 morts et 20 blessés, selon le ministère de l’Intérieur. Un suspect a été repéré par la police aux abords d’un bureau de vote. Il a actionné la charge explosive qu’il transportait avant d’être neutralisé. L’attentat n’a pour l’heure pas été revendiqué.
Avant cette attaque, le ministre de l'Intérieur, Wais Barmak, avait évoqué «192 incidents répertoriés sur le territoire», qui ont tué «au moins 17 civils et blessé 83 autres». L'hôpital de Kunduz (nord) a rapporté avoir reçu 39 blessés et 3 morts après que la ville a essuyé une vingtaine de tirs de roquette. Dans la province de Nangarhar (est), deux personnes ont été tuées et au moins huit explosions ont été signalées selon un porte-parole provincial, Ataullah Khogyan.
Le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid, qui dans la matinée avait sommé une nouvelle fois les citoyens de «s'abstenir de participer à ce processus théâtral afin de protéger leurs propres vies», a indiqué dans un nouveau message à la presse que «318 attaques (avaient) été menées contre ces fausses élections», tuant plusieurs «soldats». Le communiqué ne mentionne pas de pertes civiles.
Dysfonctionnements
Le président afghan Ashraf Ghani avait auparavant souhaité montrer l'exemple en votant dès l'ouverture du scrutin dans une école de Kaboul, et avait appelé ses compatriotes à «sortir et voter». Semblant répondre à son appel, les électeurs ont formé de longues files d'attente dans la capitale et ailleurs. Mais leur attente s'expliquait aussi par de nombreux dysfonctionnements.
Certains centres de vote n’ont pu ouvrir faute d’assesseurs, d’absence des listes électorales ou de mauvais fonctionnement des terminaux de reconnaissance biométrique mis en place à la dernière minute et utilisés pour la première fois. Des candidats et des électeurs ont fait part de leur exaspération.
La Commission électorale indépendante (CEI), qui organise le vote, a présenté ses excuses et a promis que l’ouverture des centres de vote serait prolongée, y compris jusque dans la journée de dimanche dans certains cas.
Les électeurs se plaignaient surtout du danger à patienter dans la rue face au risque d’attentats. Les talibans ont averti à plusieurs reprises ces dernières semaines qu’ils allaient recourir à la violence pour faire échouer le processus démocratique, à leurs yeux illégitime. Une spectaculaire attaque talibane a coûté jeudi la vie au puissant chef de la police de Kandahar (sud), le général Abdul Raziq dans un complexe ultra-sécurisé. Le vote dans la province a été reporté à samedi prochain.
Plus de 5 000 bureaux de votes ont ouvert dans les zones du pays sous contrôle du gouvernement. Pour des raisons de sécurité, sur d’autres parties du territoire contrôlées par les talibans, 2 000 centres de vote sont restés fermés. Quelque 54 000 membres des forces de sécurité ont été déployés pour assurer la protection aux 8,9 millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales.