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Libération

Droits de douane : Trump presse l’UE, Juncker obtempère

par Jean Quatremer, (à Bruxelles)
publié le 21 octobre 2018 à 21h06

Dans quelle galère Jean-Claude Juncker a-t-il embarqué l’UE ? Manifestement, le président de la Commission n’avait pas conscience de la personnalité de Donald Trump, lorsque, le 25 juillet, il a conclu un armistice commercial avec lui. A cette époque, Trump avait demandé une levée des obstacles tarifaires et non tarifaires (les normes) aux importations de biens industriels américains, et Juncker avait promis d’engager des négociations en ce sens. Une capitulation.

Si la Commission espérait gagner du temps, c'est loupé. Mardi, après un entretien avec Cecilia Malmström, commissaire européenne au commerce, Wilbur Ross, son homologue américain, martelait : «Le but de notre rencontre était d'alerter sur le fait que nous avons besoin d'arriver vite» à un résultat.«Les choses n'avancent pas du tout», surenchérissait Gordon Sondland, ambassadeur américain auprès de l'UE, qui a prévenu que Trump pourrait finir par imposer des droits de douane sur les voitures européennes si les négociations n'allaient pas plus vite.

Les Etats-Unis semblent ignorer que la Commission doit préparer avec le pays tiers un mandat de négociation pour demander l'accord des Etats membres avant d'entamer les négociations proprement dites. A moins qu'ils ne veuillent obliger l'UE à bâcler la négociation pour obtenir ce qu'ils veulent. Et là, il y a de quoi s'inquiéter : Ross et Sondland n'ont pas caché vouloir démanteler les normes européennes - «obstacles aux échanges» - et mettre sur la table la question de l'agriculture, alors que Trump et Juncker avaient convenu de l'exclure. Bref, Trump veut faire avaler aux Européens poulet au chlore et OGM. Quand on négocie avec le diable, il vaut mieux avoir une longue cuillère…