Menu
Libération
Vu de Londres

Premier budget post-Brexit : des dépenses pour amadouer les élus britanniques

Le chancelier de l'Echiquier a annoncé la fin proche de l'austérité en offrant une série de dépenses dans les services publics après des années de coupes, mais en prévenant qu'elles dépendaient d'un Brexit «ordonné».
La Chambre des lords, le 31 octobre 2017. (Photo Dan Kitwood. AFP)
publié le 29 octobre 2018 à 20h56

L’exercice était acrobatique. Comment présenter un budget cohérent pour la prochaine année alors que, dans cinq mois, le 29 mars, le Royaume-Uni entrera dans une nouvelle phase cruciale de son histoire ? Et que la manière dont le pays affrontera ce moment clé n’est toujours pas définie ?

Le ministre britannique des Finances, Philip Hammond, a choisi de parier sur un Brexit accompagné d'un «bon accord» avec les 27 membres de l'Union européenne. Il a donc présenté lundi un budget signant «l'approche de la fin de l'austérité». S'appuyant sur des chiffres de croissance légèrement revus à la hausse, 1,6 % au lieu de 1,3 % pour 2019 et 1,4 % contre 1,3 % en 2020, le chancelier de l'Echiquier a ouvert les cordons de la bourse en détaillant une série de dépenses.

En moyenne, l’Etat devrait mettre environ 30 milliards de livres (33,7 milliards d’euros) par an pendant les cinq prochaines années dans les services publics, écoles, infrastructures routières, services sociaux. Le service de santé publique, le National Health Service (NHS), qui fêtera en 2019 ses 70 ans d’existence, recevra l’un des plus gros investissements, avec 20 milliards de livres (22,5 milliards d’euros).

Dans un discours de plus d'une heure et demie, le ministre aura à peine prononcé le mot «Brexit». Pourtant, politiquement, ce budget cadeau envoyait un message très clair. En cas de Brexit bien négocié, des dépenses supplémentaires pourraient être envisagées, que le ministre a qualifiées de «dividendes du Brexit». La traduction est simple : si un accord avec l'UE est finalement conclu, le Parlement aurait intérêt à voter en sa faveur pour permettre la fin de l'incertitude, pour relancer la croissance fortement ralentie depuis le référendum du 23 juin 2016 et pour faire en sorte que le gouvernement poursuive les dépenses après des années de coupes drastiques dans tous les budgets de l'Etat.

En cas de non-accord ou de rejet par le Parlement britannique, a subtilement sous-entendu Philip Hammond, un nouveau budget, d’urgence, serait nécessaire au printemps et la fin de l’austérité, repoussée aux calendes grecques.