Au moins vingt personnes, dont quinze policiers et deux adolescents, ont été blessées lundi dans un attentat perpétré par une femme kamikaze à Tunis, le premier à secouer la capitale tunisienne depuis 2015. Cette femme s'est fait exploser «à proximité de voitures de police», sur l'avenue Habib Bourguiba, la principale artère du centre de la capitale tunisienne, a déclaré un porte-parole de ce ministère. Aucun des blessés n'est grièvement atteint.
Plusieurs ambulances et d’importants renforts de police sont arrivés sur les lieux et le secteur a été immédiatement bouclé. De nombreuses boutiques de cette avenue commerçante ont rapidement baissé leurs rideaux, dans une atmosphère chaotique.
«C'est une tragédie», a déclaré le président tunisien Béji Caïd Essebsi depuis Berlin. «Nous avons cru que nous avions éradiqué le terrorisme», a-t-il poursuivi mais «le terrorisme est toujours présent au cœur de la capitale». Âgée de 30 ans, la kamikaze n'était pas considérée comme «extrémiste» par les services de sécurité.
Il s'agit du premier attentat à secouer la capitale tunisienne depuis le 24 novembre 2015 quand une attaque suicide, commise là aussi en plein centre-ville contre un bus de la garde présidentielle avait tué 12 agents. Cette attaque avait été revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI). Quelques mois plus tôt, le 18 mars 2015, toujours à Tunis, deux hommes avaient ouvert le feu à l'arme automatique sur des touristes qui descendaient d'autocars pour visiter le musée du Bardo, avant de les pourchasser dans le bâtiment. Vingt-et-un touristes et un policier tunisien avaient été tués dans cet acte également revendiqué par l'EI, tout comme l'attentat perpétré par un kamikaze en juin de la même année sur une plage et contre un hôtel près de Sousse (est), qui avait coûté la vie à 38 touristes.
En juillet de cette année, une attaque à la frontière avec l'Algérie est venue mettre fin à une accalmie de deux ans.
Depuis l'attentat de novembre 2015, l'état d'urgence est en vigueur sur l'ensemble du territoire, et la présidence tunisienne a annoncé une nouvelle prolongation d'un mois le 5 octobre dernier. L'état d'urgence octroie des pouvoirs d'exception aux forces de l'ordre. Il permet notamment l'interdiction des grèves et des réunions «de nature à provoquer (...) le désordre».