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Libération

Paraplégiques : l’effet électricité

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publié le 1er novembre 2018 à 19h56

Traités par stimulation électrique dans le cadre d'un programme de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et de l'Hôpital universitaire de Lausanne (CHUV), trois paraplégiques ont pu marcher à nouveau, y compris, dans un second temps en l'absence de la stimulation. «Personne n'avait démontré avant» cette dernière possibilité chez l'humain, a assuré à l'AFP la neurochirurgienne Jocelyne Bloch, du CHUV. Dans un éditorial de Nature, le spécialiste en rééducation à l'université de Washington à Seattle Chet Moritz y voit une «preuve solide que le cerveau et la moelle épinière ont rétabli des connexions naturelles». Pour lui, cela constitue un «pas de géant».

La stimulation épidurale (les électrodes sont placées en dehors de la membrane protectrice de la moelle) au niveau lombaire, en dessous de la lésion, a été utilisée en combinaison avec un entraînement physique intensif avec harnais chez les trois blessés : David M., un Suisse de 28 ans paralysé à la suite d’un accident de sport en 2010 ; Gert-Jan Oskam, un Néerlandais de 35 ans victime d’un accident de vélo en 2011 ; et Sebastian Tobler, un Suisse de 47 ans accidenté en VTT en 2013.

L'expérience comprend deux phases : en premier lieu, la stimulation permet une activation des muscles et augmente l'endurance à l'entraînement. Ensuite, «au bout de trois à cinq mois», relate Jocelyne Bloch, on commence à voir une récupération neurologique, c'est-à-dire que certains mouvements sont devenus possibles sans stimulation électrique.

La prochaine étape sera de tester cette neurotechnologie très tôt après le traumatisme, quand le système neuromusculaire n'a pas encore subi l'atrophie consécutive à la paralysie chronique, «idéalement quatre à cinq semaines après l'accident», précise la neurochirurgienne.