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Libération

Google dans l’ex-QG berlinois de la Stasi ?

publié le 5 novembre 2018 à 20h16

Un élu berlinois propose à Google les anciens quartiers généraux de la Stasi pour y installer des bureaux. L’ironie est si belle que l’histoire amuse les journaux du monde entier. Cette curieuse proposition vient clore une vieille querelle. Avec ses 3 000 mètres carrés de bureaux, cafés et espaces de coworking, le projet de campus Google, prévu jusque-là dans le quartier berlinois de Kreuzberg, avait vite été contesté par les riverains, inquiets qu’un tel voisin ne fasse flamber les loyers.

Fin octobre, Google a finalement annoncé renoncer au projet. «Kreuzberg est une "no-go zone" pour les entreprises de tech», a déploré l'association fédérale des start-up. Cette histoire s'est déroulée, ce n'est pas un hasard, dans un quartier censé représenter l'épicentre berlinois de la contre-culture, de Bowie aux punks en passant par la grande manifestation gauchiste du 1er Mai. Elle cristallise surtout les angoisses de beaucoup de Berlinois : la gentrification. Pas une soirée entre amis sans son «point G», à base d'anecdotes glaçantes sur ces quartiers ayant perdu leur âme, récits émus de ce paradis perdu qu'était Berlin, quand il était «pauvre mais sexy», selon les mots de son ancien maire Klaus Wowereit. Une expression qui a longtemps été un hameçon pour des milliers de créatifs culturels.

Mais l’époque est révolue. Berlin est la ville au monde où l’immobilier a le plus flambé l’an dernier, avec un bond de 20,5 % entre 2016 et 2017 - et jusqu’à 71 % pour le quartier de Kreuzberg, selon le cabinet Knight Frank. En tout, les prix de l’immobilier y ont augmenté de 120 % depuis 2004. A cause de la structure fragmentée de la ville, certains quartiers comme Lichtenberg et son QG de la Stasi sont promis à un bel avenir, alors que Marzahn, son voisin moins central et couvert de barres de l’ex-RDA, devrait finir par incarner un Berlin à deux vitesses.