Menu
Libération
Éditorial

Début de réconfort

publié le 7 novembre 2018 à 20h36

Curieuse, cette propension des commentateurs à se laisser influencer par les rodomontades de Donald Trump. «Un immense succès», a-t-il dit avant même que les résultats définitifs ne soient tombés. Depuis, on glose à l'infini sur «la résistance» de Trump, les sièges conquis par les républicains au Sénat, l'échec de certains candidats démocrates médiatisés, etc. Pourtant la réalité est plus simple : c'est une défaite claire et nette pour Trump. Les démocrates reprennent sans bavure le contrôle de la Chambre des représentants. Le Président devra désormais composer avec une Chambre hostile pour faire voter les projets législatifs qui lui tiennent à cœur. Dans une configuration fréquente aux Etats-Unis, Trump devra mettre beaucoup d'eau dans son vinaigre pour les deux années qui viennent. «Make America Great Again !» claironnait-il. Dans la principale élection de ce scrutin multiforme, les électeurs ont répondu «Make Trump Small Again !» En d'autres termes, en dépit des «vérités alternatives» diffusées à jet continu par le bonimenteur de la Maison Blanche, perdre n'est pas gagner. Une défaite est une défaite. Le renouvellement de leurs candidatures prouve que les démocrates ont rempli leur contrat. La place des femmes, parmi les élus et au sein de l'électorat, en est une composante majeure. La mobilisation contre le sexisme a joué un rôle essentiel dans l'affaire. Traduction : il n'y a jamais eu autant de femmes au Congrès, même si beaucoup de chemin reste à parcourir. C'est un début de réconfort pour les démocraties à travers le monde : contrairement à ce qu'on pouvait redouter, la vague nationaliste qui se manifeste un peu partout sur la planète n'est peut-être pas irrésistible. Il arrive que la démagogie provoque un sursaut. Utile leçon.