Le gouvernement cubain a annoncé mercredi qu'il retirait ses médecins du Brésil après les menaces lancées par Jair Bolsonaro pendant sa campagne de suspendre ou modifier ce programme. «Le ministère de la Santé de Cuba a pris la décision de ne pas continuer à participer au programme "Mais Médicos" ["plus de médecins", ndlr] et en a informé l'Organisation panaméricaine de la santé [OPS] et les responsables politiques brésiliens qui ont fondé et défendu cette initiative», lit-on dans un communiqué officiel qui précise qu'en cinq ans, près de 20 000 médecins cubains ont soigné plus de 113 millions de patients au Brésil. Devant la pénurie de personnels de santé dans de nombreuses zones (milieu rural, régions éloignées, comme l'Amazonie, banlieues défavorisées), la présidente Dilma Rousseff avait lancé «Mais Médicos» par un décret signé en 2013. Ouvert à tous les médecins, ce programme a concerné en majorité des Cubains choisis par leur gouvernement. Pour chaque expatrié, Cuba recevait 15 500 reais (3 600 euros) sur lesquels il reversait 30 % au médecin. Une autre partie du salaire était envoyée à la famille restée au pays.
L’arrivée des docteurs cubains en 2013 avait suscité une levée de boucliers des syndicats de médecins brésiliens, qui reprochaient aux nouveaux venus de ne pas parler portugais, et l’absence de validation de leur diplôme. Leur demande d’annulation du décret avait cependant été rejetée par le Tribunal suprême. En septembre 2016, Michel Temer, qui avait remplacé la présidente destituée, avait prolongé le programme pour trois ans.
L’OPS a régulièrement fait l’éloge du travail des médecins cubains. Leur départ va priver de soins des millions d’habitants de zones pauvres, où les diplômés brésiliens refusent de s’installer pour des raisons de salaire, d’éloignement ou d’insécurité.
La semaine dernière, Caracas a annoncé le renforcement de cette coopération avec l'arrivée de 500 nouveaux docteurs cubains sur son sol. Cette «diplomatie médicale» a apporté un ballon d'oxygène à la révolution socialiste, puisque l'exportation de matière grise est une source de devises équivalente aux revenus du tourisme ou aux remesas, les envois d'argent de la diaspora.