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Libération
Encore des maux

La métaphore de Macron sur la «lèpre nationaliste» irrite au Japon

Une comparaison médicale utilisée à plusieurs reprises par le Président a fait réagir un ambassadeur de l'Organisation mondiale de la Santé
Le président Emmanuel Macron lors de son discours à Quimper, le 21 juin 2018. (AFP)
publié le 15 novembre 2018 à 16h41

L'expression «lèpre nationaliste» ne passe pas au Japon. Cette métaphore utilisée par Emmanuel Macron avait été rapportée dans un article d'Ouest France. «L'Europe est face à un risque : celui de se démembrer par la lèpre nationaliste et d'être bousculée par des puissances extérieures», avait ainsi déclaré le président. Yohei Sasakawa, ambassadeur de bonne volonté de l'Organisation mondiale de la santé pour l'élimination de la lèpre et pour le droit des personnes qui en sont atteintes, a envoyé une lettre au président français regrettant l'utilisation de la «lèpre» comme métaphore négative.

Dans son courrier (auquel Libération a eu accès), il rappelle qu'il lui avait déjà écrit à ce sujet au mois de juin après son discours à Quimper dans lequel il avait déjà parlé d'une «lèpre qui monte» en Europe pour parler du retour du nationalisme. Bis repetita. Cette piqûre de rappel aura-t-elle cette fois-ci un effet ? L'ambassadeur précise dans sa lettre : «Je n'ai pas de doute qu'il n'était en aucun cas votre intention de renforcer les stigmates à l'encontre de la lèpre ou de causer du tort aux personnes affectées par cette maladie». Il poursuit : «Dire les choses ainsi risque d'exacerber tous les stéréotypes nuisibles à propos de la lèpre et ceux qui souffrent de ça.»

Yohei Sasakawa rappelle : «La lèpre peut désormais être soignée grâce à des médicaments. Néanmoins, les perceptions négatives et blessantes de la lèpre qui se sont profondément enracinées dans l'esprit des gens à travers les siècles n'ont pas disparu.» Il en profite également pour souligner qu'en décembre 2010 l'assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution afin d'«éliminer les discriminations à l'encontre des personnes affectées par la lèpre et des membres de leurs familles.»