Mark Zuckerberg s'est vu forcer jeudi de monter au créneau pour défendre Facebook, empêtré dans une nouvelle polémique déclenchée par une enquête du New York Times qui accuse le premier réseau social au monde d'avoir orchestré une campagne de dénigrement contre ses détracteurs, y compris le milliardaire philanthrope George Soros (l'une des bêtes noires des leaders populistes dans le monde, qui a été pris pour cible par le président américain Donald Trump lui-même). Jeudi après-midi Mark Zuckerberg a participé à une conférence téléphonique avec des journalistes, qui devait porter sur les efforts du réseau social pour protéger ses 2,27 milliards d'utilisateurs de contenus haineux ou violents.
En temps normal, le sujet aurait passionné mais le fondateur de Facebook s'est vu forcé de répondre avant tout aux accusations de manipulation, autour d'une campagne qui aurait été destinée à détourner l'attention de sa gestion désastreuse de l'affaire de l'ingérence russe dans la présidentielle américaine de 2016. Les dénégations publiées par le réseau social au milieu de la nuit n'avaient pas suffi à convaincre. En premier lieu la George Soros Open Society Foundation, qui a publié une lettre au ton cinglant et exigé que Facebook lance une enquête indépendante pour faire toute la lumière sur cette affaire. «Nous enjoignons à Facebook d'arrêter d'utiliser les méthodes inspirées par celles des ennemis de la démocratie à travers le monde», écrit Patrick Gaspard, le président de la fondation.
Le long exposé du New York Times publié mercredi soir retrace les multiples scandales et polémiques qui ont terni l'image du réseau fondé en 2004 par Mark Zuckerberg et ne contient pas de révélations fracassantes. Mais le quotidien a dévoilé que Facebook avait fait appel à une société de relations publiques, Definers Public Affairs, pour combattre les critiques.
Lobbying musclé
Le quotidien américain accuse Definers d'avoir voulu lier George Soros aux détracteurs de Facebook, en diffusant de fausses informations pour les discréditer. Le journal «a tort de suggérer que nous ayons jamais demandé à Definers de payer pour ou d'écrire des articles pour le compte de Facebook, ou de répandre de fausses informations», se défend le réseau social dans son communiqué nocturne. Le géant de l'internet n'en a pas moins «rompu son contrat» avec cette société de relations publiques, proche du parti républicain.
Definers a bien «encouragé des journalistes» à se pencher sur le financement d'une campagne anti-Facebook pour montrer qu'il ne s'agissait pas d'une campagne spontanée mais «suggérer que (cette action de la société de relations publiques) relevait d'une attaque antisémite est répréhensible et faux», ajoute le groupe de Mark Zuckerberg, lui-même de confession juive tout comme Sheryl Sandberg, sa numéro deux responsable des opérations au quotidien.
Zuckerberg a pour sa part affirmé n'avoir appris l'existence de la relation avec Definers qu'en «lisant l'article du New York Times» mercredi. Il a aussi jugé que les méthodes de Definers, «typiques» des pratiques à Washington, ne convenaient pas à Facebook. Il est resté évasif sur les responsables de la décision de mandater Definers et sur d'éventuelles conséquences. Il a aussi dit son «respect» pour George Soros malgré leurs différends.