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«Ici, les gens en ont rien à faire du bio, lance une grosse voix teintée d'un bel accent du Sud. Ce qui les intéresse c'est le prix.» En deux phrases, les bases du débat sur le déploiement des produits issus de l'agriculture biologique sont posées. La journaliste Pascale Pascariello s'est installée, pour Arte radio, dans les locaux d'une association du quartier de Grand Saint-Barthélémy, regroupement de cités HLM construites dans les années 60 à Marseille.
Ce podcast «Bio c'est bien beau», diffusé en octobre 2014, raconte la tentative d'installation d'une autre association marseillaise dans ces cités : Filière paysanne. «Notre premier objectif est de monter des épiceries paysannes de quartier», raconte son représentant. Des cultivateurs et éleveurs locaux fournissent directement des produits de base, de préférence bio, à de petits magasins. Les marges prises par l'association sont moins importantes que par les grandes surfaces. Les produits sont garantis de saison et avec une moindre empreinte carbone.
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L'initiative n'est pas nouvelle, elle illustre une dynamique nationale. Mais ces épiceries rencontrent un succès facile dans des quartiers de classes moyennes et supérieures, surtout auprès de jeunes parents avec des revenus corrects. «Des quartiers de bourges», résume la grosse voix chantante. Au Grand Saint-Barthélémy, les enjeux sont différents. «Deux euros le kilo de pommes, ça reste cher pour certains foyers, interpelle une femme. Les gens payent d'abord leur loyer, leurs énergies et font des économies sur la bouffe.»
En face, on acquiesce mais renchérit : «Les petits producteurs ne peuvent pas non plus travailler à perte.» Ils ont besoin de se nourrir aussi. D'ajouter : «Que nos enfants mangent de bonnes pommes, plutôt que des pommes pourries pleines de pesticides, on aura déjà fait un pas en avant.» Les familles plus nombreuses achèteront de grands paniers aux agriculteurs.
Reste le problème de la recherche de locaux pour le magasin. «Y a que des cités dans le quartier.» Puis vient le black-out (pas de spoiler).
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