Qui sait encore que des bombardements de la coalition antijihadiste se poursuivent en Syrie ? Et que, ces dernières semaines, de nombreux civils - femmes et enfants compris - ont péri sous les bombes occidentales ? La Syrie est sortie des écrans radars depuis plusieurs mois. Pourtant, Bachar al-Assad est toujours là, et il reste une «poche» de fous furieux de Daech, à Deir el-Zor, dans l’est du pays. Les autres territoires contrôlés par l’Etat islamique, notamment Raqqa, ont été libérés de l’emprise jihadiste grâce aux bombardements de la coalition et aux forces au sol arabo-kurdes. Mais à un coût humain que l’on commence à mesurer. Un coût qui devrait grimper encore, les frappes continuant tant que les jihadistes contrôleront un territoire. Comme le montre le reportage ci-contre, on ne compte plus les corps de femmes, d’adolescents et d’enfants retrouvés chaque jour dans les décombres et les charniers. Parmi eux, nombre de civils tombés sous les frappes occidentales. Et la Syrie est à ce point à l’abandon qu’il revient à un simple médecin d’essayer d’identifier les restes : à l’œil nu, aucune expertise ADN n’étant disponible. Il faut bien sûr se garder de tout angélisme : l’urgence était de terrasser l’hydre jihadiste qui menaçait l’ensemble de la région, voire le reste du monde. Mais cette fin justifie-t-elle tous les moyens? Ce tapis de bombes lancé à l’aveugle ? Dans toutes les guerres d’ampleur, des victimes civiles sont à déplorer. Mais c’est une chose de combattre l’ennemi et une autre de faire le maximum pour éviter les pertes civiles ou au moins les reconnaître quand il y a lieu. Pour l’heure, nulle reconnaissance de leurs manquements de la part des Occidentaux ou si peu, nulle excuse ou si peu. Les Syriens comptent leurs morts sans aucune assistance, livrés à eux-mêmes et à leur désespoir.
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