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Environnement

Climat : le G20 loin d’être à la hauteur

Un nouveau rapport de l’ONU, publié mardi, souligne le retard pris par les pays riches dans les efforts de lutte contre la crise planétaire.
Le 13 octobre 2018 à Paris, lors de la marche pour le climat. (Photo François Guillot. AFP)
publié le 27 novembre 2018 à 20h56

«Maintenant, plus que jamais, des actions urgentes et sans précédent sont requises par toutes les nations.» Le rapport du programme Environnement de l'ONU (Unep) publié mardi ne pourrait être plus explicite. Il évalue la différence entre les émissions actuelles de gaz à effet de serre (GES) et celles souhaitables pour limiter le réchauffement climatique à 2 °C au plus. C'est l'objectif fixé par l'accord de Paris de 2015. Conclusion : la très grande majorité des pays sont hors des clous, même pour respecter leurs engagements nationaux.

Les membres du G20, qui se réunissent en Argentine ce week-end, ne sont pas épargnés. «Environ la moitié ont des trajectoires climat qui sont loin de leurs objectifs fixés à la COP 21 : l'Union européenne, les Etats-Unis, l'Argentine, l'Australie, le Canada, la Corée du Sud, l'Arabie Saoudite et l'Afrique du Sud», détaille le rapport. La Chine, le Japon, la Russie, l'Inde et le Brésil devraient tenir leurs promesses. Mais elles étaient pour la plupart peu ambitieuses.

Non seulement la majorité de la planète n'honore pas ses propres engagements, mais elle continue d'émettre toujours plus de CO2 dans l'atmosphère. Les concentrations de GES ont atteint des niveaux record en 2017, a alerté jeudi dernier l'Organisation météorologique mondiale (OMM). Et rien n'annonce un renversement de cette tendance.

C'est pourtant le facteur déterminant du dérèglement du climat, de l'élévation du niveau de la mer, de l'acidification des océans et de l'augmentation du nombre comme de l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes. «La dernière fois que la Terre a connu une teneur en CO2 comparable, c'était il y a 3 à 5 millions d'années : la température était de 2 à 3 °C plus élevée et le niveau de la mer était supérieur de 10 à 20 mètres par rapport au niveau actuel», a rappelé le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas.

La France, loin de l'image de «champion du climat» portée par le président Macron, a vu ses émissions croître de 3,2 % en 2017 par rapport à l'année précédente. Surtout à cause du secteur des transports. La moyenne pour les pays de l'UE s'établit à + 1,8 %. L'importance de réduire cette pollution dans l'Hexagone grâce à une fiscalité verte, comme celle à laquelle s'opposent certains «gilets jaunes», n'est donc pas anecdotique.

Vitesse. De 2014 à 2016, un vent d'espoir a soufflé alors que les émissions mondiales stagnaient. Mais la reprise de la croissance mondiale a rompu cette tendance. Les optimistes et leur rêve d'avoir atteint le pic des émissions planétaires peuvent se rhabiller. Pourtant, l'avenir de l'humanité et de nombreuses espèces est en jeu. Le rapport spécial publié début octobre par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) l'a rappelé aux gouvernements. Le réchauffement se produit à un rythme de 0,17 °C par décennie depuis 1950. A cette vitesse, on atteindrait + 1,5 °C entre 2030 et 2052. Ce monde serait moins habitable qu'aujourd'hui, préviennent les climatologues : les dangers se multiplient à chaque demi-degré gagné.

Mais le temps n'est pas encore venu de devenir survivaliste. D'après l'Unep, les gouvernements, villes, régions et entreprises ont encore les moyens de freiner la hausse du mercure. Les émissions doivent absolument atteindre un pic en 2020. Puis diminuer jusqu'à zéro pour 2050. «Pour cela, le niveau d'ambition actuel doit être triplé pour le scénario à + 2 °C et multiplié par cinq pour celui à + 1,5 °C», alerte le rapport onusien.

Urgence. Ça tombe bien. La 24e conférence internationale des Nations unies sur le climat commence le 3 décembre, à Katowice en Pologne. Les 184 Etats qui ont ratifié l'accord de Paris vont se retrouver pour en établir les conditions d'application. Au Quai d'Orsay, ministère chargé des négociations climat, on assure qu'il faut d'urgence rehausser l'ambition d'ici à 2020. Tout en précisant que c'est à l'UE de donner le bon signal. «Pendant les quinze prochaines années, nous allons devoir climatiser toutes les politiques publiques, admet Olivier Fontan, de la sous-direction Climat. Ce n'est pas pour les générations futures qu'on travaille, c'est pour nous.»