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Libération

Accusé d’attouchements, Ramadan se fait lâcher

publié le 28 novembre 2018 à 20h56

Sorti de détention provisoire il y a deux semaines, le théologien Tariq Ramadan, mis en examen pour trois viols en France et en Suisse, n'en a pas fini avec les ennuis. A Genève, un rapport officiel remis aux autorités politiques du canton le 31 octobre, que Libération a pu consulter, confirme les conduites inappropriées de Ramadan à l'égard d'élèves dans les années 80 et 90, révélées en novembre 2017 par la Tribune de Genève.

«Tariq Ramadan a eu des attouchements et des propositions à connotation sexuelle avec au moins trois de ses élèves mineures dans les années 1986, 87, 89», lit-on dans ce rapport. Professeur de français de 1984 à 2004 dans divers établissements scolaires de Genève, il avait l'habitude d'inviter au restaurant des élèves qu'il raccompagnait en voiture. Lors de leur audition en septembre par les auteurs de ce texte, cinq d'entre elles ont rapporté des faits similaires.

Selon le rapport, Ramadan aurait aussi entretenu une liaison avec une ancienne élève, âgée de 18 ans. Son petit ami a prévenu la responsable de l’établissement scolaire où il exerçait sans qu’il n’y ait de suite. Il aurait en revanche été menacé de représailles par Ramadan.

En plus de la Suisse, un autre coup dur est venu du Qatar, qui finance sa chaire à l'université d'Oxford et qui lui verse de très généreux émoluments pour diriger le Centre de recherche sur la législation islamique et l'éthique (Cile), rattaché à l'université de Doha. Mohamed el-Moctar el-Shinqiti, analyste politique et intervenant très écouté sur la chaîne Al Jazeera, a publié mercredi sur son blog un texte appelant les musulmans à ne plus soutenir Tariq Ramadan. Il qualifie le théologien de «personne accro au sexe avec un mépris des personnes abusées et usant de tromperie envers les musulmans».

La stratégie de reconquête lancée par Tariq Ramadan qui affirmait, dès la semaine dernière, avoir été détenu en France pour des «raisons politiques», risque fort d'être contrariée. Dans un texte publié mardi soir sur Twitter, il reconnaît «ses erreurs» et «ses fautes», ajoutant que Dieu lui «a offert la purification et la résilience». Il affirme être sorti «grandi» de l'épreuve, demandant, très à demi-mot, pardon à ses anciens supporteurs. Pour nombre d'entre eux, cela ne sera pas suffisant pour effacer l'ardoise.