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Libération

Matteo Salvini :«L’Italie ne signera pas le pacte mondial des Nations unies sur l’immigration.»

Matteo Salvini, ministre de l'intérieur italien
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publié le 29 novembre 2018 à 20h36

L'Italie s'enferme à double tour. Sous l'impulsion du ministre d'extrême droite Matteo Salvini, le Parlement a voté mercredi un décret-loi durcissant les conditions d'obtention des permis de séjour et prévoyant une procédure d'expulsion d'urgence pour les demandeurs d'asile «dangereux». La Chambre des députés a adopté le texte (après le Sénat début novembre) par 396 oui contre 99 non. Le même jour, le gouvernement italien a annoncé qu'il ne participerait pas au sommet de l'ONU sur les migrations, les 10 et 11 décembre à Marrakech, où doit être définitivement adopté un «pacte mondial» (Global Compact for Migration).

Non contraignant, ce document de 25 pages, premier du genre sur ce sujet, liste des principes humanitaires et une vingtaine de propositions pour aider les pays à faire face aux flux migratoires. Le précédent gouvernement italien s’était engagé en 2016 à ratifier le texte, comme 190 pays. Le président du Conseil, Giuseppe Conte, a indiqué mercredi que le Parlement italien aurait le dernier mot.

L’Italie n’est pas le premier pays à faire volte-face. Déjà l’an dernier, l’administration Trump avait quitté les discussions onusiennes. Depuis, la Hongrie, puis l’Australie, la République tchèque, Israël, la Pologne, l’Autriche, la Bulgarie, la Slovaquie et la Belgique ont emboîté le pas des Etats-Unis et ont renoncé ou, comme l’Italie, gelé leur décision.

La représentante spéciale de l'ONU pour les migrations, la Canadienne Louise Arbour, a mis sur le compte de la xénophobie et des calculs de politique intérieure ces désistements. «Le pacte n'est pas un traité mais un cadre de travail», a-t-elle souligné. «Les migrants sont un moteur extraordinaire de croissance» et ce «pacte pour une migration sûre, ordonnée et régulée […] est un pas sans précédent pour accroître la coopération internationale», avait défendu en juillet le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui rappelait que 60 000 personnes sont mortes sur les routes migratoires depuis 2000.