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Libération

Dossier 4 000 : «la balle que Nétanyahou ne pourra éviter» ?

publié le 3 décembre 2018 à 20h26

«Quel cadeau de Hanoukkah !» a ironisé Benyamin Nétanyahou devant un parterre de militants du Likoud réunis dimanche soir près de Tel-Aviv. Quelques heures plus tôt, la police israélienne rendait publiques ses conclusions dans le «dossier 4 000», dit aussi «affaire télécoms». Comme ils l'avaient fait en février dans les dossiers «1 000» et «2 000», les enquêteurs recommandent de nouveau l'inculpation du Premier ministre israélien pour «pots-de-vin, fraude et abus de confiance», ainsi que celle de sa femme, Sara Nétanyahou, pour «obstruction» à la justice.

Le couple Nétanyahou est soupçonné de s'être acheté une couverture médiatique positive sur le site d'informations Walla (l'un des plus lus du pays), propriété du magnat des télécoms Shaul Elovitch, en échange d'un coup de pouce de Nétanyahou. Le Premier ministre serait intervenu pour assouplir certaines régulations antitrust permettant de valider la fusion de Bezeq, l'opérateur historique israélien, avec un autre groupe de télécoms dans lequel Elovitch avait des parts. Une manœuvre qui aurait rapporté des centaines de millions de dollars à l'industriel. Le scandale illustre à nouveau l'obsession de «Bibi» pour les médias et sa volonté de contrôle.

Quelles seront les suites judiciaires ? Dans l'immédiat, rien ne change. La décision d'inculper le Premier ministre revient au procureur général, Avichai Mandelblit. L'ex-chef de cabinet de Nétanyahou, à qui il doit son poste, est perçu comme celui qui mettra fin (ou non) au règne du «roi Bibi». Il a fait savoir qu'il trancherait sur tous les dossiers en même temps, une fois les investigations terminées - c'est désormais le cas. Selon les médias israéliens, Mandelblit voit l'affaire télécoms comme la plus grave et la plus étayée. «La balle que Nétanyahou ne pourra éviter», aurait-il dit au Jerusalem Post. Toujours selon le quotidien, le procureur général serait enclin à proposer un «plaider-coupable» à Nétanyahou - lui évitant un procès public afin d'«épargner sa dignité» - en échange de sa démission et de sa promesse de quitter la vie politique. Cependant, tout porte à croire que «Bibi» compte, s'il est inculpé, continuer à gouverner jusqu'à son éventuel procès, ouvrant la voie à une crise institutionnelle. En attendant, l'opposition a appelé à sa démission et les porte-flingues du Likoud ont martelé leur thèse d'un putsch «gauchiste» médiatico-policier.