«Bouclier du Nord» : c'est le nom donné à la dernière «opération» de l'armée israélienne à la frontière libanaise, annoncée mardi par une vaste campagne de communication. L'objectif de Tsahal est la destruction de «tunnels d'attaque transfrontaliers» du Hezbollah. Ces derniers auraient été creusés dans le cadre d'un plan de «conquête de la Galilée», menace proférée dès 2012 par la milice chiite en cas de nouveau conflit. Jusqu'ici, la crainte des tunnels était associée au Hamas et au Jihad islamique à Gaza, contre laquelle Israël a développé une technologie de détection ad hoc. A l'inverse, les Israéliens ont longtemps pensé que les sols rocheux du Nord, difficiles à percer, les protégeaient.
Des bruits suspects entendus par des locaux ainsi que le principe «s'il y en a au Sud, il y en aura au Nord» ont conduit l'armée à mettre sur pied en 2014 une «task force» spécialisée. Les militaires ont refusé de préciser le nombre de tunnels ciblés par «Bouclier du Nord», affirmant seulement que ces derniers n'étaient pas achevés. Tsahal a diffusé la photo d'un premier conduit «neutralisé», d'une longueur de 200 mètres dont 40 à l'intérieur d'Israël, au départ d'une «maison privée» libanaise. La destruction des tunnels, plus sophistiqués que ceux de Gaza, devrait prendre plusieurs semaines et pourrait mener les forces israéliennes en territoire libanais, a prévenu un porte-parole de l'armée.
En Israël, le timing de l'opération interroge. D'autant que la menace n'est pas jugée «immédiate» par Tsahal. Plusieurs commentateurs y voient la volonté de Benyamin Nétanyahou de redorer sa réputation de «M. Sécurité», ternie dans l'opinion publique par le cessez-le-feu à Gaza mi-novembre. Au-delà de ces considérations de politique intérieure, l'analyste israélien Ofer Zalzberg estime qu'Israël «a l'impression que le Hezbollah ne prend plus au sérieux ses menaces depuis 2006 et le calme relatif qui règne. Les autorités connaissent l'existence de ces tunnels depuis des mois. Agir maintenant est un avertissement, une façon de dire que si la course à l'armement du Hezbollah ne s'arrête pas, il pourrait y avoir d'autres actions préventives».