Face à Facebook, la réponse politique la plus offensive sera donc venue, jusqu’ici, du Parlement britannique. Et plus précisément de la commission sur le numérique, la culture, les médias et le sport de la Chambre des communes, qui enquête depuis plusieurs mois sur les phénomènes de désinformation. A quatre reprises déjà, elle a demandé à Mark Zuckerberg de venir répondre à ses questions - demandes systématiquement déclinées par le patron du réseau social. Le 27 novembre, elle a passé sur le gril le vice-président en charge des relations publiques avec le renfort de parlementaires de dix pays, dont la France. La veille, Damian Collins, le président conservateur de la commission, avait annoncé être entré en possession de documents internes à l’entreprise.
Mercredi, il a rendu public un dossier de 250 pages, notamment de nombreux mails, dont le contenu ne risque pas d'aider le géant de Menlo Park à redorer son blason. Courant sur une période de 2012 à 2015, les documents viennent en effet alimenter les griefs faits à Facebook. Ainsi, l'un des courriels concerne une mise à jour, en 2015, de l'application Facebook pour le système d'exploitation pour smartphones Android, qui a eu pour effet de permettre au réseau social de collecter l'historique des appels et des SMS des utilisateurs. L'entreprise réfléchissait au moyen d'éviter l'apparition d'une fenêtre réclamant à l'utilisateur de donner sa permission à cette collecte, ce qui aurait pu nuire à son image. «Facebook prévoyait de faire en sorte qu'il soit le plus difficile possible pour les utilisateurs de savoir qu'il s'agissait d'une fonctionnalité fondamentale dans la mise à jour de leur application», accuse Damian Collins. L'ensemble révèle aussi la mise en place d'un accès aux données à deux vitesses pour les applications dites «tierces», celles qui interagissent avec le réseau social. Un accès particulièrement généreux jusqu'en 2014, qui a permis à la sulfureuse firme de «marketing politique» Cambridge Analytica de siphonner les données personnelles de 87 millions d'utilisateurs. Un scandale qui a conduit Facebook à fermer les vannes de façon sélective : favorisant Netflix, Airbnb ou Lyft (principal concurrent d'Uber). Face à ces révélations, le réseau social a affirmé : «Les faits sont clairs : nous n'avons jamais vendu les données de nos utilisateurs.»