Samedi matin, deux représentants ukrainiens de la société civile qui assistaient depuis une semaine à la COP 24, en Pologne, ont «disparu», explique à Libération Svitlana Pomachko, de la branche ukrainienne de l'ONG de défense de l'environnement, 350.org. «Dans les derniers messages qu'ils nous ont envoyés, samedi vers 9 heures, ils disaient être en train d'être contrôlés par la police des frontières polonaise dans la ville de Katowice.» La femme et l'homme sont restés injoignables toute la journée, pour être finalement relâchés un peu après 20 heures.
Michal Kurtyka, le président de la 24e conférence de l'ONU sur le changement climatique, organisée depuis lundi à Katowice, n'a pas su donner d'explications à ces interpellations. Lors d'une interview avec Libération samedi, le secrétaire d'Etat à l'Energie a assuré : «Je n'ai pas d'informations sur ces cas particuliers. Si je peux être d'une quelconque aide, je reste à disposition.»
Quinze personnes déboutées
Selon Svitlana Pomachko, les deux Ukrainiens venaient de quitter leur hôtel quand ils ont été contrôlés par les autorités polonaises. «Ils ont ensuite été emmenés dans un bâtiment en dehors de la ville où ils ont été interrogés, poursuit la représentante de 350.org. Ils ont finalement été relâchés et vont poursuivre leur retour en Ukraine dimanche matin. Je ne comprends pas comment un pays démocratique comme la Pologne peut mener de telles actions.» Les deux Ukrainiens auraient été libérés grâce à l'appui de l'ambassadeur d'Ukraine en Pologne et d'organisations comme Amnesty International.
Au moins 170 personnes, dont six Ukrainiens, auraient été interdites d'entrer sur le territoire ou expulsées depuis le début de la COP, selon 350.org qui publie une lettre ouverte pour faire pression sur le gouvernement polonais.
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Lors d'une conférence de presse, samedi, la secrétaire exécutive de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Patricia Espinosa, a déclaré avoir «immédiatement interpellé la présidence polonaise afin qu'elle assure les meilleures conditions d'accueil» à la conférence. «Ce sont des techniques d'intimidation de plus en plus courantes pour réprimer les militants environnementalistes, assure May Boeve, directrice de 350.org. Nous espérons que les Nations unies seront en mesure de garantir de bonnes conditions d'accueil pour les membres de la société civile qui vont arriver en nombre en début de semaine prochaine.»
Vendredi soir déjà, le réseau international d'ONG Climate action network (CAN) a alerté sur l'interpellation à la frontière polonaise de Zanna Vanrenterghem, une de leur représentantes. Cette organisatrice de la marche pour le climat, qui a réuni environ 65 000 personnes la semaine dernière à Bruxelles, aurait été considérée comme «une menace pour la sécurité nationale» de la Pologne. Quelques heures après le premier communiqué, Zanna Vanrenterghem a été autorisée à entrer sur le territoire.