Après dix jours d'un feuilleton à rebondissements comme les aiment les Egyptiens, Rania Youssef ne sera finalement pas jugée pour «incitation à la débauche». L'actrice de 45 ans risquait une peine allant jusqu'à cinq ans de prison. Elle avait fait scandale à la clôture du Festival du cinéma du Caire le 29 novembre en apparaissant sur le tapis rouge dans une robe noire transparente. «Une tenue contraire aux traditions, aux valeurs de la société et à ses mœurs, nuisant à l'image de la femme égyptienne», a considéré l'un des avocats qui avait porté plainte contre la comédienne. Plainte retirée après que cette dernière a présenté des excuses à son public.
«Hypocrisie du public»
Les médias égyptiens et au-delà, toutes les pages et les programmes people des sites et chaînes de télévision arabes, ont relayé jour après jour les réactions, déclarations et prises de position autour de l'affaire. Accusateurs et défenseurs de Rania Youssef ont enflammé les réseaux sociaux à travers le monde arabe. Une comédienne saoudienne, Hala Noura, a apporté son soutien à sa consœur égyptienne en dénonçant «l'hypocrisie du public arabe qui admire les tenues sexy des actrices occidentales tandis qu'il conspue une Arabe qui porte les mêmes robes».
Une polémique dans la polémique s'est développée quand la comédienne a prétendu lors de ses excuses que la doublure de sa robe s'était relevée. «Je devais aller aux toilettes pour la remettre en place», a écrit Rania Youssef sur Twitter. «Mais le photographe a tiré plus vite», a-t-elle ajouté. «C'est le photographe qui doit être jugé !» a réagi alors une présentatrice de la télévision égyptienne en montrant les clichés pris de la culotte et des fesses de l'actrice. Réfutant ces arguments, une chroniqueuse du quotidien Al-Youm Assabaa publie les photos de la robe qu'elle a trouvée sur internet. Le modèle original est bien le même que celui porté par l'actrice et n'a pas de doublure. «Il s'agit d'une création de la designer Elisabetta Franchi vendue 720 euros sur Internet, alors qu'elle valait 1 440 au départ», fait savoir la journaliste. Des sommes qui, converties en livres égyptiennes, pourraient faire repartir une nouvelle polémique dans le pays où la crise économique a entraîné la majorité de la population sous le seuil de pauvreté.