«Si Charles Michel veut le soutien de la NVA, il sera notre marionnette.» Ces mots, presque humiliants, ont été prononcés par Jan Jambon, ex-ministre de l'Intérieur NVA (parti nationaliste flamand) à l'endroit de son ancien Premier ministre, Charles Michel, démissionnaire depuis mardi. Des propos qui confirment la rupture définitive entre les deux principaux partenaires d'une coalition à la tête de la Belgique pendant plus de quatre ans. Un attelage déséquilibré où le seul parti francophone de Charles Michel, le Mouvement réformateur de droite libérale (MR), côtoyait trois partis flamands dont la NVA, le parti indépendantiste du charismatique bourgmestre d'Anvers, Bart De Wever. En 2014, les commentateurs politiques avaient accolé un qualificatif plutôt visionnaire à cette équipe bigarrée : la coalition kamikaze. Les faits leur ont finalement donné raison. Le 9 décembre, la NVA décide de saborder le navire et quitte le gouvernement.
Marionnette
A priori, le Premier ministre a pu voir dans cette crise gouvernementale une opportunité. «Il pouvait être intéressant pour Charles Michel de se défaire de cette image de Premier ministre qui n'en est pas un», explique Pascal Delwit politologue à l'Université libre de Bruxelles (ULB). Mais la rupture intervient un peu tard. L'image de la marionnette, Charles Michel se la traîne depuis son intronisation. En 2014, toute l'opposition raille un Premier ministre francophone suspecté d'aller chercher ses consignes à Anvers, dans les bureaux de Bart De Wever. Un libéralisme francophone dévoré à la sauce populiste flamande. Le tableau est à nuancer. Henri Goldman, rédacteur en chef de la revue Politique, rappelle que «sur le socio-économique, les partenaires de la coalition, très marquée à droite, s'entendaient très bien».
Coup de poker
Après le 9 décembre, Charles Michel pensait continuer sa politique avec un soutien extérieur de la NVA sur certains textes. Ces derniers ont fait monter les enchères en relançant le débat communautaire. «Le trait est tiré», déclare alors le Premier ministre qui tente, sans succès, un coup de poker pour sauver sa place. Mardi, devant la chambre des représentants, il teinte soudainement son projet de rouge et de vert espérant rallier à sa cause des opposants socialistes et écologistes. «Le Premier ministre donnait l'impression de quelqu'un de perdu prêt à s'accrocher à n'importe quelle bouée», commente Jean Faniel. En mal de majorité, Charles Michel s'en est donc allé voir le roi pour lui remettre sa démission. La suite ? Soit le gouvernement Michel gère les «affaires courantes» jusqu'aux prochaines élections prévues en mai, soit des élections anticipées auront lieu dans les quarante jours. En attendant, le roi consulte les partis politiques alors que le NVA fait campagne.