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Libération
Afghanistan

Kaboul : au moins 43 morts dans l'attaque contre un complexe gouvernemental

Un blessé afghan est transporté à l'hôpital Wazir Akbar Khan après une attaque à la voiture piégée, à Kaboul, le 24 décembre 2018. (AFP)
publié le 24 décembre 2018 à 20h48
(mis à jour le 25 décembre 2018 à 9h58)

L’attaque d’un complexe gouvernemental lundi à Kaboul, pris d’assaut durant près de sept heures par des hommes armés, a fait au moins 43 morts et 25 blessés, selon le gouvernement afghan. Cette attaque intervient après l’annonce – non confirmée officiellement — du prochain retrait de quelque 7 000 des 14 000 soldats américains présents en Afghanistan, que l’un des commandants talibans a salué.

L’assaut du complexe, qui abrite des bâtiments des ministères des Travaux publics et du Travail et des Affaires sociales, a duré plus de sept heures. Elle n’a pas été revendiquée dans l’immédiat. La plupart des victimes sont des civils, a précisé le porte-parole du ministère, Najib Danish. Les forces afghanes ont tué trois des quatre assaillants et libéré plus de 350 personnes qui s’étaient retrouvées piégées dans le complexe, a indiqué Najib Danish. Un quatrième assaillant a été tué dans l’explosion d’une voiture piégée, qui a lancé l’attaque en milieu d’après-midi.

Des hommes en armes avaient fait irruption sur le site après l'explosion. Des fonctionnaires terrifiés se sont mis à courir, d’autres ont sauté par les fenêtres. Des centaines d’autres personnes se sont retrouvées piégées dans le complexe alors que de féroces combats ponctués de multiples explosions opposaient les forces de sécurité aux assaillants. La plupart des victimes sont des civils, qui ont payé le plus lourd tribut pendant les 17 années de conflit qui ont suivi l’intervention américaine en 2001 pour chasser les talibans du pouvoir.

De nombreuses explosions

Cette attaque est la plus importante depuis le 28 novembre, lorsque les talibans avaient fait exploser une voiture piégée devant le bâtiment abritant la société de sécurité britannique G4S, provoquant la mort de 10 personnes. Une épaisse fumée noire s'échappait du complexe, que survolaient deux hélicoptères militaires.

Selon des journalistes, de nombreuses explosions ont été entendues après le lancement de l’attaque, au milieu de l’après-midi. Une des personnes blessées souffre de plusieurs fractures après avoir sauté du troisième étage d’un bâtiment pour fuir, a raconté un correspondant de l’AFP présent dans un hôpital.

Ashraf, un employé du ministère des Travaux publics qui a réussi à s'enfuir, avait fait état d'une fusillade entre assaillants et forces de sécurité à l'intérieur du site pris pour cible. «Ils tirent aussi sur un bâtiment du NDS (services secrets afghans) à proximité», a-t-il déclaré à l'AFP.

Voiture piégée

Un porte-parole du ministère des Travaux publics, Mehdi Rohani, a raconté à l'AFP que ses collègues et lui-même avaient pris la fuite pour se réfugier dans une pièce sécurisée. «Une voiture piégée a explosé à l'entrée du parking du ministère», a-t-il affirmé au téléphone tout en courant se mettre à l'abri.

Cette attaque intervient après une semaine tumultueuse pour l’Afghanistan, avec l’annonce d’un responsable américain sous couvert d’anonymat, du prochain retrait de quelque 7 000 des 14 000 soldats américains présents en Afghanistan. Cette annonce surprise, intervenue sur fond d’efforts pour relancer les négociations de paix avec les talibans, a pris de court de nombreux diplomates et responsables politiques à Kaboul. Aucun détail supplémentaire n’a filtré depuis et la Maison Blanche n’a rien confirmé officiellement.

Une guerre civile redoutée

Les talibans n’ont pas fait de commentaires officiels, mais l’un de leurs commandants a salué vendredi la décision américaine. Nombre d’Afghans redoutent pour leur part une chute du gouvernement afghan, voire une nouvelle guerre civile.

Dimanche, le commandant en chef des forces américaines stationnées en Afghanistan a affirmé n’avoir pas reçu l’ordre de retirer des troupes du pays, des propos confirmés lundi par la mission de l’OTAN Resolute Support. Le président Ashraf Ghani a par ailleurs nommé dimanche deux anciens responsables du renseignement fermement opposés aux talibans aux postes de ministres de l’Intérieur et de la Défense.