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Libération

«Dr Abiy» au chevet de l’Ethiopie

publié le 28 décembre 2018 à 17h17

Ce n’est ni une révolution ni une élection qui l’a porté au pouvoir. Pourtant, l’accession d’Abiy Ahmed au poste de Premier ministre de l’Ethiopie, en mars, au terme d’un processus de désignation secret interne au régime, constitue un séisme politique qui bouleverse la Corne de l’Afrique. D’abord parce que «Dr Abiy» est un Oromo, ethnie majoritaire mais historiquement opprimée, une première dans l’histoire de l’Ethiopie. Ensuite parce qu’il a fait libérer des milliers de prisonniers politiques et permis le retour d’opposants en exil. Il a formé un gouvernement paritaire et installé des femmes à la présidence (un poste honorifique), à la tête de la Cour suprême et à la commission électorale. Surtout, il a tendu la main au frère ennemi érythréen, mettant fin à un conflit qui fit plus de 80 000 morts entre 1998 et 2000. A la surprise générale, en quelques semaines, la paix a été signée et la frontière réouverte. Certes, Abiy Ahmed a été visé par un attentat en juin, l’Ethiopie est toujours rongée par de violents heurts intercommunautaires et la vieille garde du régime n’a pas dit son dernier mot. Mais un vent d’espoir s’est levé, et a déjà circulé sur tout le continent.