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Libération

Allemagne : un millier de personnalités piratées

publié le 4 janvier 2019 à 20h26

Artistes, militants, journalistes, le président Steinmeier et la chancelière Merkel : l’Allemagne fait face à une divulgation de données personnelles d’ampleur inédite, affectant un millier de personnes. Factures, numéros de téléphone, échanges privés, photos, listes d’adhérents de partis, coordonnées bancaires ont été divulgués sur Internet. Si l’affaire a inondé la presse allemande vendredi matin, les données étaient disponibles depuis décembre via un compte Twitter qui en diffusait une par jour, façon calendrier de l’Avent, sans que personne ne s’en émeuve. Ce n’est que jeudi, lorsque le compte Twitter d’un influent youtubeur a été hacké, que l’affaire a éclaté.

Reste à trouver le responsable et ses motivations. D'autant qu'il n'est pas établi que toutes les données divulguées soient authentiques. Ce qui semble certain, en revanche, c'est que cette attaque touche principalement des personnalités politiques allemandes, issues de tous les partis parlementaires… sauf l'AfD. Dans l'après-midi, le quotidien Der Tagesspiegel affirmait que le parti d'extrême droite n'était pour l'instant pas concerné, citant le ministère de l'Intérieur.

Si la chancelière est elle aussi touchée, les informations la concernant ne sont pas «sensibles», a indiqué le gouvernement. Il s'agit de deux adresses mails, un numéro de fax et l'intitulé d'une lettre qui lui avait été adressée. Parmi les autres victimes, beaucoup de représentants de médias, ainsi que des artistes, pour la plupart notoirement engagés contre l'extrême droite.

«C’est une attaque très élaborée, commentait un spécialiste munichois en technologies de l’information et de la communication auprès de Bloomberg. Ce sont des gens qui s’y connaissent en matière de sécurité informatique.»

La ministre de la Justice, Katarina Barley (SPD), a évoqué «une attaque grave», commanditée par ceux «qui veulent saboter la confiance en la démocratie et ses institutions». Tandis que l'Office pour la sécurité informatique parlait de «cyberattaque contre des politiques».Le gouvernement a dit prendre cette affaire «très au sérieux». La police criminelle et le renseignement intérieur ont été chargés de l'enquête.