Menu
Libération

Abdication surprise en Malaisie

publié le 6 janvier 2019 à 20h46

Pendant que la France tirait les rois en ce dimanche d’Epiphanie, la Malaisie a perdu le sien. Le palais a annoncé l’abdication de Muhammad V, trois ans avant la fin de son règne et après des semaines de spéculations. Une première depuis l’indépendance, en 1957. Le sultan de Kelatan avait été élu roi de Malaisie en décembre 2016, selon la Constitution qui veut que chacun des neuf sultans régionaux soit souverain à tour de rôle pour cinq  ans.

Le 22 novembre, Muhammad Faris Petra, 49 ans, avait fait les choux gras de la presse people russe en s’affichant au bras d’une ex-Miss russe, Oksana Voevodina, âgée de 25 ans, lors d’une fête luxueuse à Moscou, présentée comme leur mariage. Pour autant, la réalité de l’union n’a jamais été confirmée, ni par l’intéressé ni par le palais royal.

La révélation de la relation entre le monarque et la pin-up, fin novembre, avait sérieusement entamé la crédibilité de celui qui est aussi le leader spirituel de ce pays à majorité musulmane. Alors qu’Oksana Voevodina apparaissait dès le mois d’avril en hijab - la conversion est obligatoire pour épouser un musulman malaisien - au côté de son compagnon, des sites britanniques et russes se sont fait un malin plaisir d’exhumer des photos d’elle en tenue provocante ou des vidéos la montrant en pleins ébats aquatiques lors de sa participation à une émission de télé-réalité russe.

Depuis, le roi s'était absenté, officiellement, pour «traitement médical», et le sultan de Perak assurait l'intérim. Bien qu'il soit difficile de critiquer la monarchie dans la presse malaisienne, des rumeurs très insistantes situaient Muhammad V en cure de désintoxication à cause d'une addiction à la cocaïne.

«Pour autant, la stabilité de la monarchie malaisienne n'est pas en péril. Contrairement au Royaume-Uni, dans cette monarchie rotative, le symbole du pouvoir n'est pas dans la personne, mais dans la fonction», explique la politologue Sophie Lemière.

Cette démission est néanmoins scrutée de près car le nouveau roi pourra nommer, sur suggestion du Parlement, le successeur de l’actuel Premier ministre, Mahathir Mohamad, un nonagénaire farouchement laïque et antiroyaliste qui avait notamment supprimé l’immunité de la famille royale. Le nom du prochain monarque devrait rapidement être révélé par le Conseil royal.