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Libération

Explosions de gaz, la Russie dans le brouillard

publié le 14 janvier 2019 à 20h17

Gaz : la manne russe, sur laquelle tient en grande partie l'économie de rente du pays, qui détient 24 % des réserves mondiales de gaz naturel, est aussi mortifère pour ses citoyens. Lundi à l'aube, une explosion de gaz dans un immeuble résidentiel de la ville de Chakhty, dans le sud du pays, a fait un mort et plusieurs blessés. Quatre appartements ont été détruits, et plus de 140 personnes évacuées.

Quinze jours auparavant exactement, le 31 décembre, à la même heure matinale (6 heures), c’est dans la ville de Magnitogorsk, dans l’Oural, qu’une déflagration, causée par une fuite de gaz, selon la version officielle, a provoqué l’écroulement d’une partie d’un immeuble de neuf étages. Trente-neuf corps ont été tirés des décombres par les secours, qui ont travaillé plusieurs jours dans un froid féroce. Cinq personnes ont été sauvées. Contrairement à son habitude, et à la surprise générale, Vladimir Poutine est arrivé sur les lieux dès le premier jour, pour promettre des compensations aux victimes.

Le 1er janvier, une fourgonnette occupée par trois individus a explosé à un pâté de maisons de là. Encore une histoire de gaz, ont affirmé les autorités : le véhicule roulait au méthane. Coïncidence funeste ? Il n'en fallait pas plus pour que des rumeurs commencent à courir la ville endeuillée, gonflées par les affirmations du site indépendant Znak.com : selon une source, l'appartement qui aurait explosé avait été loué quelques jours plus tôt par des inconnus, alors que l'explosion de la fourgonnette serait en réalité une opération antiterroriste. D'autant que les autorités, après avoir mollement démenti, se sont murées dans le silence.

Accident domestique ou attentat terroriste ? Complicité ou négligence des autorités ? Autant de questions qui ne sont pas l’apanage des seuls complotistes dans une Russie où l’opacité du pouvoir et la puissance tentaculaire des services de sécurité ne laissent qu’une seule certitude : la version officielle n’est que rarement la vraie. Même quand il s’agit d’un incident «banal».