Gaz : la manne russe, sur laquelle tient en grande partie l'économie de rente du pays, qui détient 24% des réserves mondiales de gaz naturel, est aussi mortifère pour ses propres citoyens. Lundi à l'aube, une explosion de gaz dans un immeuble résidentiel de la ville de Chakhty, dans le sud de la Russie, a fait un mort et plusieurs blessés. Quatre appartements ont été détruits, au huitième et neuvième étages, et plus de 140 personnes évacuées dans une école voisine, face au risque d'écroulement du bâtiment.
Il y a exactement quinze jours, le 31 décembre, à la même heure matinale (6 heures), c’est dans la ville de Magnitogorsk, dans l’Oural, qu’une déflagration, causée par une fuite de gaz, selon la version officielle, a provoqué l’écroulement d’une partie d’un immeuble de neuf étages, emportant 35 appartements et en endommageant dix autres. Trente-neuf corps ont été tirés des décombres par les secours qui ont travaillé plusieurs jours dans un froid féroce. Cinq personnes ont été sauvées. Contrairement à son habitude, et à la surprise générale, Vladimir Poutine est arrivé sur les lieux de la tragédie dès le premier jour, pour promettre des compensations à toutes les victimes et familles.
La version officielle n'est que rarement la vraie
Le 1er janvier, une fourgonnette, occupée par trois individus, a explosé à un pâté de maisons de là. Encore une histoire de gaz, ont communiqué les autorités, le véhicule roulait au méthane. Coïncidence funeste ? Il n'en fallait pas plus pour que des rumeurs commencent à ramper à travers la ville endeuillée, gonflées par les affirmations du média en ligne Znak.com (indépendant) : selon une source, l'appartement qui aurait explosé avait été loué quelques jours plus tôt par des inconnus, alors que l'explosion de la fourgonnette est en réalité une opération antiterroriste. D'autant que les autorités, après avoir mollement démenti, se sont murées dans le silence.
Accident domestique ou attentat terroriste ? Complicité ou négligence des autorités ? Autant de questions qui ne sont pas l’apanage des seuls complotistes dans une Russie où l’opacité du pouvoir et la puissance tentaculaire des services de sécurité ne laissent qu’une seule certitude, en toutes circonstances dramatiques : la version officielle n’est que rarement la vraie. Même quand il s’agit d’un incident pour ainsi dire «banal». Les explosions au gaz meurtrières font partie du quotidien des Russes, les infrastructures vétustes remontent à l’époque soviétique et les normes de sécurité sont souvent ignorées. Ces deux dernières années, pas moins de 44 explosions de gaz dans des immeubles d’habitation ont emporté des vies.