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Chronologie

1961-2019 : Londres et l’Europe, je t’aime moi non plus

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publié le 16 janvier 2019 à 21h06

La route vers le Brexit, s’il se concrétise vraiment un jour, a été longue et tumultueuse. Elle n’a sans doute pas démarré le lendemain du 23 juin 2016, après le référendum où 51,89 % des Britanniques ont choisi de sortir de l’Union européenne. Au fil des années, depuis la première candidature du Royaume-Uni à une entrée au sein de la CEE et jusqu’au rejet spectaculaire mardi soir par la Chambre des communes de l’accord de retrait de l’UE, les relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne ont souvent été complexes.

9 août 1961

Le Royaume-Uni, sous le gouvernement du conservateur Harold Macmillan, fait acte de candidature pour rejoindre la Communauté économique européenne (CEE), ancêtre de l’Union européenne.

14 janvier 1963

Le général de Gaulle, président français, s’oppose à l’entrée du Royaume-Uni, se méfiant de ses velléités atlantistes.

1er janvier 1973

Le Royaume-Uni rejoint finalement la CEE.

5 juin 1975

Sous le Premier ministre travailliste Harold Wilson, les Britanniques votent dans un référendum à 67,2 % pour rester au sein de la CEE. Harold Wilson salue «la fin de quatorze ans de polémiques sur l'Europe». S'il avait su !

25 juin 1984

La Première ministre conservatrice Margaret Thatcher obtient le fameux rabais, mécanisme financier qui réduit la contribution britannique au budget européen.

16 septembre 1992

«Mercredi noir» : le gouvernement du conservateur John Major suspend la participation de la livre sterling au mécanisme qui limite les taux de change entre les monnaies européennes.

22 juillet 1993

La Chambre des communes rejette le traité européen de Maastricht, grâce aux voix des rebelles du Parti conservateur au gouvernement.

1er janvier 2002

L’euro entre en circulation. Le Royaume-Uni a choisi de s’abstenir et de ne pas participer à la monnaie unique.

1er mai 2004

L’UE accueille en son sein dix nouveaux pays, essentiellement d’Europe de l’Est, un élargissement largement poussé par le Royaume-Uni. Le gouvernement travailliste de Tony Blair décide d’ouvrir immédiatement les frontières du Royaume-Uni, sans utiliser le mécanisme d’entrée progressive disponible (sur une durée maximale de sept ans) au sein de l’UE. Seuls deux autres pays, l’Irlande et la Suède, suivront ce modèle.

12 septembre 2006

Nigel Farage prend la tête du United Kingdom Independence Party (Ukip), parti ultra-europhobe, dont le seul objet est de faire campagne pour sortir de l’UE.

23 janvier 2013

Le Premier ministre conservateur David Cameron se prononce en faveur d’un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne.

22 mai 2014

Le parti europhobe Ukip obtient 27,5 % des voix aux élections européennes. Il constitue le premier contingent de députés britanniques au sein du Parlement européen.

18 septembre 2014

Les Ecossais rejettent à 55 % l’indépendance lors d’un référendum.

7 mai 2015

David Cameron remporte les élections avec la promesse, inscrite dans son manifeste électoral, d'organiser un référendum in ou out.

20 février 2016

David Cameron confirme qu’il fera campagne pour «remain», mais son grand rival Boris Johnson, qui vise sa place, annonce soutenir le «leave».

16 juin 2016

La campagne du référendum est endeuillée par l'assassinat en pleine rue de la députée travailliste Jo Cox par un fanatique d'extrême droite qui hurle «Britain First !» avant de poignarder la jeune femme, qui faisait campagne pour rester dans l'UE.

23 juin 2016

Référendum sur le maintien ou pas du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne. Le «leave» l'emporte par une étroite majorité de 51,9% des voix contre 48,1% pour le «remain». Le Premier ministre David Cameron présente sa démission immédiate.

13 juillet 2016

Theresa May devient Première ministre, après la débandade des leaders de la campagne du «leave» Boris Johnson et Michael Gove. Elle promet de concrétiser le Brexit.

3 novembre 2016

Un tribunal, saisi par Gina Miller, conclut que le gouvernement doit obtenir l’approbation du Parlement avant de déclencher l’article 50. Theresa May fera appel jusqu’à la Cour suprême. Elle perdra à chaque fois.

17 janvier 2017

Discours de Lancaster. Theresa May annonce que le Royaume-Uni quittera le marché unique et martèle : «Pas d'accord vaut mieux qu'un mauvais accord.»

13 mars 2017

Le Parlement approuve le déclenchement de l’article 50.

29 mars 2017

Theresa May active l’article 50 du traité de l’Union européenne qui, de fait, déclenche le compte à rebours du départ du Royaume-Uni de l’UE.

8 juin 2017

Le Parti conservateur perd la majorité lors d’élections anticipées que Theresa May avait convoquées pour renforcer sa position. Pour rester au pouvoir, elle doit conclure un accord avec le petit parti unioniste nord-irlandais Democratic Unionist Party (DUP) .

19 juin 2017

Début officiel des négociations entre le Royaume-Uni et l’UE.

13 décembre 2017

Le Parlement vote pour une motion rendant obligatoire la tenue d’un vote des parlementaires sur l’accord conclu à la fin des négociations. Theresa May y était opposée.

15 décembre 2017

La deuxième phase des négociations entre en vigueur après un accord préliminaire sur les modalités financières, la situation des citoyens européens et la frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord. Theresa May approuve le principe d'un «backstop», un filet de sécurité qui garantirait, en cas d'échec des négociations, qu'aucune frontière ne soit érigée en Irlande du Nord.

19 mars 2018

Progrès significatifs des négociations. Un accord est conclu sur une période de transition à compter du 30 mars 2019.

6 juillet 2018

Theresa May annonce avoir unifié son cabinet après l'avoir «enfermé» vingt-quatre heures pour discuter de son «plan de Chequers», qui prévoit un Brexit gardant le Royaume-Uni très proche de l'UE. Son négociateur en chef, le ministre du Brexit David Davis, démissionne le 8 juillet, suivi par le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson. Tous deux prônent maintenant une sortie sans accord.

19-20 septembre 2018

Theresa May est humiliée lors du sommet européen de Salzbourg, où les Vingt-Sept estiment son plan «inacceptable».

20 octobre 2018

700 000 manifestants pro-européens défilent bruyamment dans les rues de Londres. Il s’agit de la deuxième plus importante manifestation dans le pays depuis celle contre la guerre en Irak en 2003.

25 novembre 2018

Un accord est finalement conclu lors d’un sommet européen à Bruxelles.

10 décembre 2018

Assurée d’une cuisante défaite le lendemain, May annule au dernier moment le vote au Parlement sur l’accord de retrait.

15 janvier 2019

Theresa May subit une défaite historique à la Chambre des communes avec le rejet massif de l’accord.

29 mars 2019

Le Royaume-Uni quitte l’UE. Ou pas.