Une impasse enveloppée d'un brouillard anglais si épais qu'il est difficile d'entrevoir une porte de sortie. Trente mois après le référendum et la victoire, à une courte majorité, des partisans d'une sortie de l'Union européenne, le rejet par la Chambre des communes de l'accord péniblement négocié par Theresa May laisse présager le pire : un «no deal» entre l'Europe et le gouvernement britannique. Autrement dit un divorce dur, dont il est difficile d'imaginer les conséquences. Comment croire que la Première ministre trouve en quelques jours une solution qu'elle cherche depuis des mois et des mois ? L'ampleur du revers enregistré mardi ne laisse pas de place au doute : Theresa May a sa part de responsabilité dans ce fiasco. Volontiers solitaire, elle a manqué de souplesse dans ses négociations avec l'Europe comme dans sa gestion des rapports de force sur la scène politique intérieure. Opposée à l'origine au Brexit, elle n'était peut-être pas la mieux placée pour en négocier les conditions. Saluons néanmoins sa droiture et sa résilience. Car à l'heure des comptes, et elle approche, il n'est pas inutile de rappeler les vrais responsables de ce gâchis. Le premier s'appelle David Cameron, son prédécesseur au 10 Downing Street, favorable au maintien dans l'Union, mais qui, pour des raisons de politique intérieure, a joué aux apprentis sorciers en proposant un référendum. Les seconds bien sûr sont les souverainistes aveugles, complotistes anti-européens et propagateurs de fake news qui ont sévi pendant la campagne du référendum. Ils étaient tellement certains que le Brexit permettrait à la Grande-Bretagne de «reprendre le contrôle» de son avenir qu'ils ont tous peu ou prou déguerpi sitôt le vote acquis. Enfin, si elle a beau jeu aujourd'hui de dire que la balle est dans le camp britannique, l'Europe elle-même ne peut s'exonérer de ses responsabilités. Car aussi spécifique soit-il, le désamour européen d'outre-Manche s'est nourri de dérives qui abîment, sur le continent aussi, le rêve européen.
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