Le sort d’un enfant de 2 ans tombé dans un puits artésien profond d’une centaine de mètres tient l’Espagne en haleine depuis plus d’une semaine. Dans le village de Totalán (province de Malaga, en Andalousie) les secouristes espéraient atteindre mardi l’endroit où est supposé se trouver Julen Rosello, tombé le 13 janvier dans un puits abandonné et qui n’a pas donné de signe de vie depuis. Mais des difficultés techniques ont entravé l’opération dans sa dernière ligne droite. Et les chances de retrouver vivant un enfant privé d’eau et de nourriture depuis neuf jours s’amenuisent.
À l’occasion d’un pique-nique dans la propriété d’un membre de sa famille, le jeune garçon a chuté dans un trou creusé en décembre pour puiser de l’eau, et qu’aucun dispositif ne signalait. Le diamètre de 25 cm empêche toute intervention directe des sauveteurs. Une caméra descendue dans le puits s’est heurtée au bout de 60 mètres à un éboulis empêchant d’explorer plus avant. Seul le sachet de friandises que l’enfant tenait en main et une poignée de ses cheveux ont semblé confirmer qu’il se trouvait bien dans la galerie.
Couche de granit
Après consultations de plusieurs ingénieurs, l’idée d’élargir le trou est abandonnée, en raison du risque d’éboulement, et il est décidé de forer un puits plus large à quelques mètres du premier, puis de creuser manuellement jusqu’à la zone où se trouverait Julen. Mais la présence d’une couche de granit a ralenti le tunnelier vertical utilisé, et endommagé ses têtes. Quant aux tubes métalliques censés sécuriser les parois du second puits, ils se sont révélés trop larges, ce qui a nécessité une nouvelle perforation. Le travail est réalisé par une équipe de secouristes venue des Asturies, dans le nord de l’Espagne, et spécialisée dans le sauvetage de mineurs de fond.
Les autorités ont évité de se prononcer sur les chances que l'enfant soit encore en vie. Le président de la fédération andalouse de spéléologie, José Antonio Berrocal, avait évoqué mercredi devant la presse des cas de personnes ayant survécu dix jours dans des circonstances similaires à celles de Julen, en sommeil avec un rythme cardiaque ralenti, nécessitant peu d'oxygène. Interrogé par le quotidien El País, le pédiatre Iván Carabaño a expliqué que le froid qui règne dans le puits pourrait avoir «un effet favorable […] parce qu'à basse température, le métabolisme humain ralentit et les tissus sont préservés».
Forage clandestin
Les médias suivent minute par minute la progression de l’opération de sauvetage. Des manifestations de soutien ont été organisées pour souhaiter bon courage à la petite victime, et les abords du site ont vu affluer une ribambelle de voyants et de radiesthésistes. L’Espagne est d’autant plus émue que les parents de Julen avaient perdu en 2017 un enfant de 3 ans, mort d’une crise cardiaque lors d’une journée à la plage.
La police a interrogé l’entrepreneur qui a foré le puits, abandonné car il n’avait atteint aucune nappe d’eau. D’après les autorités régionales d’Andalousie, le chantier a été réalisé sans autorisation, une pratique habituelle dans cette région victime de la sécheresse. L’entrepreneur a assuré avoir bouché l’orifice d’une pierre, qui aurait ensuite été retirée. Mardi, un juge d’instruction de Malaga a ouvert une enquête.