Juan Guaido, le président du Parlement vénézuélien, contrôlé par l’opposition, s’est autoproclamé ce mercredi «président en exercice» du pays devant des milliers de partisans réunis à Caracas pour protester contre le président Nicolas Maduro.
«Je jure d'assumer formellement les compétences de l'exécutif national comme président en exercice du Venezuela pour parvenir (...) à un gouvernement de transition et obtenir des élections libres», a-t-il lancé depuis une tribune.
Adoubé par Trump
Le président américain Donald Trump a immédiatement annoncé qu'il reconnaissait le jeune opposant de 35 ans comme président par intérim du pays. «Aujourd'hui, je reconnais officiellement le président de l'Assemblée nationale vénézuélienne, Juan Guaido, comme président par intérim du Venezuela»,a-t-il indiqué dans un communiqué. «Je continuerai à utiliser toute la puissance économique et diplomatique des Etats-Unis pour faire pression en faveur du rétablissement de la démocratie vénézuélienne», écrit encore le président américain.
Un responsable américain a précisé par ailleurs que «toutes les options» étaient sur la table si le régime Maduro avait recours à la violence, tandis que le chef de la diplomatie Mike Pompeo a explicitement appelé Nicolas Maduro à «céder la place». En réponse, Nicolas Maduro a annoncé que son pays rompait ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Il a donné 72 heures aux représentants diplomatiques nord-américains pour quitter le pays.
Luis Almagro, secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), basée à Washington, a aussi rapidement réagi à l'annonce de Juan Guaido. «Nos félicitations à Juan Guaido, le président en exercice du Venezuela. Il a toute notre reconnaissance pour impulser le retour de la démocratie dans ce pays», a-t-il tweeté.
Nuestras felicitaciones a @jguaido como Presidente encargado de #Venezuela. Tiene todo nuestro reconocimiento para impulsar el retorno del país a la democracia #23Ene #OEAconVzla pic.twitter.com/AWdjVHJtZj
— Luis Almagro (@Almagro_OEA2015) January 23, 2019
Le Brésil, la Colombie, le Pérou et le Canada ont par la suite reconnu Juan Guaido comme président par intérim du Venezuela. En revanche, le Mexique maintient son soutien au gouvernement du chef de l’Etat vénézuélien Nicolas Maduro, a déclaré mercredi le porte-parole du président Andres Manuel Lopez Obrador.
Manifestations
Au même moment, la Cour suprême vénézuélienne, plus haute juridiction du pays, composée de fidèles au régime, a ordonné une enquête pénale contre les membres du Parlement, en les accusant d’usurper les prérogatives du président Maduro.
Des dizaines de milliers d’opposants et de partisans du président vénézuélien Nicolas Maduro manifestaient ce mercredi à Caracas, premier retour dans les rues après les violentes mobilisations de 2017 qui avaient fait quelque 125 morts, ont constaté des journalistes de l’AFP.
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Des heurts ont éclaté entre forces de l’ordre et partisans de l’opposition à Caracas, après l’annonce de Juan Guaido. Les violences se sont produites quand des dizaines d’opposants ont bloqué une artère principale dans le quartier d’Altamira, dans une banlieue cossue de Caracas. Des membres de la Garde nationale ont alors tenté de les déloger en faisant usage notamment de gaz lacrymogène. Déjà, dans la nuit et mercredi matin, des violences avant les manifestations avaient fait cinq morts.