Le coup de force tenté par l'opposant Juan Guaidó au Venezuela n'est pas forcément le meilleur moyen de restaurer la démocratie. Pourtant, la situation tragique dans laquelle le régime Maduro a plongé ce pays, englué dans une misère noire alors qu'il est assis sur les plus grandes réserves mondiales de pétrole, explique bien des choses. On y trouve tous les maléfiques ingrédients du «populisme de gauche», dont certains politiques et intellectuels irresponsables continuent de faire un modèle. Foin de la pensée unique économique, a-t-on dit, l'argent du pétrole sera massivement distribué. Progrès, à coup sûr, sur ces périodes où la rente pétrolière était confisquée par une mince oligarchie «compradore». Mais, comme toujours, excès dans la mise en œuvre qui a anémié l'investissement et empêché le pays de diversifier ses exportations. Moyennant quoi, la production pétrolière a chuté - un comble - et l'intempérance monétaire a déclenché une crise inflationniste qui a fait littéralement disparaître la monnaie, pulvérisé les salaires et poussé à l'exil plus de deux millions de Vénézuéliens. Le PIB s'est réduit comme peau de chagrin et les souffrances sociales imposées au peuple ont décuplé. Le populisme consiste, pour un parti ou un mouvement, à se proclamer seul détenteur de la légitimité et à traiter ceux qui sont en désaccord, non comme des adversaires politiques, mais comme des ennemis du peuple. Le régime chaviste se change en pouvoir autoritaire et agressif, incompétent et corrompu. Bref, sous couvert de populisme, on organise une dictature sur le peuple. Il n'est qu'une issue à cette crise, si l'on croit vraiment au peuple : c'est de lui rendre la parole en convoquant des élections libres et sincères, comme le demande par exemple l'Union européenne. On verra alors si le peuple, expérience faite, aime vraiment le populisme.
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