«La Chine n'est pas le seul régime autoritaire au monde. Mais c'est sans aucun doute le plus riche, le plus fort et le plus développé en matière d'intelligence artificielle.» Cette «délicatesse» a été prononcée lors du Forum économique de Davos par le milliardaire philanthrope George Soros, qui n'a pas hésité à enfoncer la critique en déclarant un peu plus tard : «Cela fait de Xi Jinping le plus dangereux ennemi de ceux qui croient en des sociétés libres.» De quoi heurter la susceptibilité de Pékin. Les autorités chinoises ont réagi avec une déclaration de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hua Chunying. Selon elle la déclaration du milliardaire «ne valait pas la peine d'une réponse».
Chaque année lors du Forum économique de Davos (Suisse), un discours et un dîner sont organisés, en parallèle du sommet, par le milliardaire et fondateur de l'Open Society Foundations, qui se veut un promoteur de la démocratie et des libertés. «Je veux utiliser mon temps de ce soir pour avertir le monde d'un danger sans précédent qui menace la survie même des sociétés ouvertes», a-t-il déclaré en ouverture de son dîner.
Selon lui, les gouvernements autoritaires développent des instruments de contrôle liés à l'intelligence artificielle et aux technologies dites de cinquième génération (5G). Et c'est justement la Chine qui figure en haut du palmarès de ce type de contrôle. Soros accuse Pékin de mettre en place un système de crédit social qui devrait voir le jour en 2020. Il s'agira alors de noter les citoyens chinois. Ce qui pourrait, toujours selon Soros, permettre au régime chinois d'identifier les citoyens qui pourraient être «une menace pour le régime du parti unique». Selon l'Hongro-Américain le développement de ces technologies «représenterait un risque inacceptable pour la sécurité du monde».
Donald Trump, n'est lui aussi pas porté aux nues par le milliardaire qui s'est, plus d'une fois, opposé à lui. Pour contrer cette «adversaire stratégique» qu'est la Chine, Soros estime que l'administration américaine devrait avoir un plan bien plus «sophistiqué, détaillé et pragmatique».
C'est donc lors d'une conférence de presse que la porte-parole des affaires étrangères chinoises a qualifié George Soros d'«individu qui confond le bien et le mal». Et d'ajouter : «Dans le monde d'aujourd'hui, on voit clairement qui ouvre les portes et construit les routes et qui ferme les portes et construit des murs.» George Soros ne mâche jamais ses mots lorsqu'il s'agit de critiquer des régimes autoritaires (ou non). Cette année, outre la Chine et les Etats-Unis, la Russie aura aussi été l'une de ses autres cibles. «Les sociétés libres ont bien d'autres ennemis, au premier rang desquels la Russie de Poutine.» Mais cette fois sans susciter la moindre réaction du côté de Moscou.