Menu
Libération
Analyse

Macron cherche à contourner les écueils égyptiens

Le président français rencontre lundi son homologue égyptien Al-Sissi en vue de resserrer les liens économiques, culturels et stratégiques entre les deux pays. Sur les droits de l'homme, Macron a reconnu que l'Egypte avait «besoin de moins d’autoritarisme».
Emmanuel Macron en Egypte, en janvier 2019. (Photo Ludovic MARIN. AFP)
publié le 28 janvier 2019 à 6h20

Pour démarquer sa visite en Egypte des deux points noirs sur lesquels s'est focalisée l'attention, les ventes d'armes et les droits de l'homme, Emmanuel Macron a fait une diversion par l'histoire et la culture. C'est la terre de civilisation millénaire qu'il a choisi comme première étape de son voyage, en arrivant dimanche sur le site du temple d'Abou Simbel, à plus de 800 kilomètres du Caire. Le Président, accompagné de Brigitte Macron et de sa délégation, a été accueilli sur place par le ministre égyptien des Antiquités. Après ce premier détour archéologique, le programme de la visite présidentielle est ponctué de plusieurs autres rendez-vous culturels. Dimanche soir, une petite dizaine de «personnalités du monde de la culture égyptienne», artistes, cinéastes dramaturges, tous francophones, étaient invités à un dîner avec le couple Macron. Une visite du grand musée du Caire, place Tahrir, est également prévue ce lundi après-midi en prévision d'un accord pour sa rénovation. «Le dialogue culturel, politique et militaire», sont mis sur le même plan par l'Elysée dans le «partenariat stratégique» entre la France et l'Egypte.

Emmanuel Macron a défendu ce partenariat lors d'une rencontre avec la presse française dimanche soir au Caire, en insistant sur l'importance de la stabilité de l'Egypte pour la région. «Partenaire précieux sur la Libye, pour la lutte contre le radicalisme islamique, en Afrique, au Proche et Moyen-Orient», a souligné le chef de l'Etat en répétant le terme «stabilité», cher au régime égyptien.

Macron promet un «dialogue de vérité» avec Sissi

Celui-ci se présente comme un rempart contre le chaos pour justifier son autoritarisme et la répression de sa population. La situation des droits de l'homme dans le pays s'est dégradée a reconnu le chef de l'Etat en s'engageant à «un dialogue de vérité» avec Sissi, qu'il rencontre ce lundi. En octobre 2017, lors de la visite du président égyptien en France, Macron avait déclaré ne pas avoir à lui «donner des leçons», sur le sujet. Il avait provoqué alors l'indignation des ONG tandis que les démocrates égyptiens ne lui pardonnent toujours pas cette sortie.

Mais «les choses ont empiré depuis octobre 2017», a déclaré dimanche le président français en précisant que, non seulement des opposants politiques sont emprisonnés, mais aussi des journalistes, des intellectuels, des homosexuels, etc. C'est aussi au nom de la stabilité durable du régime qu'il compte aborder le «besoin de moins d'autoritarisme». Dans le même temps, Emmanuel Macron fait valoir que «tourner le dos à l'Egypte pour ça, c'est la pousser davantage vers la Russie et la Chine». Les deux puissances, de plus en plus présentes économiquement en Egypte, étant en phase avec son autoritarisme.

La confirmation d’une évolution de l’attitude française sur la délicate question des droits de l’homme est à observer au cours des entretiens entre les Présidents Sissi et Macron ce lundi avec le début véritable de la visite officielle.