Abdelaziz Bouteflika n'a pas encore déposé officiellement sa candidature pour l'élection présidentielle du 18 avril mais les dirigeants des quatre partis de la coalition au pouvoir (FLN, RND, TAJ, MPA) réunis pour une conférence de presse commune, samedi, ont affirmé qu'«il n'y avait aucun doute». Oui, le chef de l'Etat algérien briguera un cinquième mandat, ont annoncé les caciques de la majorité.
«Nous devons être reconnaissants à son égard en appelant Dieu à le préserver pour l'Algérie», a déclaré Mourad Bouchareb, le président de l'Assemblée populaire nationale. «Il est évident que M. Bouteflika n'animera pas sa campagne électorale», a précisé le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Depuis un accident vasculaire cérébral survenu en 2013, qui l'a laissé lourdement handicapé, le président algérien n'a plus jamais prononcé de discours en public. Ses apparitions médiatiques, en chaise roulante, sont de plus en plus rares. Mais selon Ahmed Ouyahia, le chef de l'Etat de 81 ans n'a plus besoin de faire campagne «car le peuple le connaît désormais».
Dans l’hypothèse, désormais quasi certaine, de sa candidature, l’issue de l’élection ne fera une nouvelle fois aucun doute. Plusieurs partis d’opposition (le Rassemblement pour la culture et la démocratie, le Front des forces socialistes) ont déjà annoncé qu’ils boycotteront le scrutin. Les candidats déclarés jusqu’à présent - l’ancien Premier ministre Ali Benflis, le général retraité Ali Ghediri, le chef du principal parti islamiste Abderrazak Makri - n’ont aucune chance de l’emporter face au vieux moujahid au pouvoir depuis 1999.
«Dans un élan d'absurdité stupéfiante, les partisans visibles et invisibles de la "continuité" imposent ainsi de poursuivre le chemin périlleux du statu quo, se désole l'éditorialiste d'El Watan Hacen Ouali. Mais pour quelle mission, lorsque l'on sait déjà que le quatrième mandat n'aura servi qu'à accentuer la crise politique, à aggraver l'échec économique et surtout au renforcement du désespoir national ? […] L'image du pays s'assombrit et la dignité des Algériens s'affaisse.»
La loi oblige les postulants à recueillir 60 000 parrainages d’électeurs répartis à travers au moins 25 wilayas (départements) ou 600 parrainages d’élus pour pouvoir se présenter. Ils ont jusqu’au 3 mars minuit pour déposer leur dossier de candidature.