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Libération

Au Caire, les Egyptiennes tombent le voile

publié le 3 février 2019 à 20h06

Sur une chaîne égyptienne consacrée aux femmes, une émission de cuisine met en scène deux présentatrices apprêtées comme pour une grande soirée. Robe de gala, crinière travaillée, décolleté plongeant… Une apparence impensable il y a encore quelques années en Egypte, où la même émission était animée par des femmes portant le hijab. Loin d'être réservé à la télé, le phénomène du renoncement au voile s'est accéléré ces deux dernières années, surtout chez les jeunes, au nom de«la liberté de choix» dans ce domaine. Même parmi les ministres, les députées et les fonctionnaires, certaines découvrent leur tête.

On s’était en effet habitué depuis des décennies à voir plus de 90 % des Egyptiennes la tête recouverte d’un voile étroitement serré autour du cou. Certes, cela n’a jamais interdit à leur coquetterie de s’exprimer par des foulards aux couleurs éclatantes, encadrant souvent un visage lourdement maquillé, tandis que leurs jupes longues très moulantes contredisent l’objectif du hijab de cacher l’apparence des femmes.

On avait oublié que, dans les années 60, étudiantes et femmes lambda ne portaient pas de couvre-chef en référence au geste historique des premières militantes nationalistes des années 20, qui avaient ôté leur voile en signe d’émancipation. Toujours est-il que la vague actuelle de renoncement au symbole des années de conservatisme social et religieux qui a touché le monde arabo-musulman est sans doute bienvenue.