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Libération
Interview

Venezuela : «L’aide internationale, une manière de défier le régime»

publié le 7 février 2019 à 20h56

Ancien conseiller à la Maison Blanche et diplomate, Eric Farnsworth est vice-président du Conseil des Amériques, un think tank libéral.

Juan Guaidó semble décidé à défier Nicolás Maduro sur l’aide humanitaire. Qu’en pensez-vous ?

Je crois que sa préoccupation est de fournir une assistance humanitaire aux Vénézuéliens, et non pas de défier les forces de sécurité de Maduro. Mais comme Guaidó ne contrôle pas les forces de l’ordre, sa seule option est de faire entrer de l’aide de l’extérieur, ce qui implique que l’armée laisse faire. Cela étant, insister sur le fait que Maduro doit laisser entrer l’aide internationale est une manière claire de défier politiquement le régime. Cela démolit la rhétorique chaviste, qui martèle que le Venezuela va bien, et force le régime à choisir sous la pression de Guaidó. Quoi qu’il décide, le régime Maduro perd la face. La livraison d’aide étrangère serait une importante victoire politique pour Guaidó mais, surtout, elle offrirait une aide à une population qui en a besoin.

Quels sont les obstacles à surmonter pour qu’elle puisse recevoir l’aide ?

Ils sont nombreux : logistique, distribution, corruption, sécurité. C’est une tâche monumentale, au vu de la taille du pays et de l’insécurité fréquente, sans oublier la résistance du régime. Idéalement, il faudrait que ce dernier soit écarté du processus, ce qu’il n’acceptera jamais. En attendant, la population souffre.