«Plusieurs décennies après l'Holocauste, l'Union européenne reste rongée par des niveaux choquants et croissants d'antisémitisme», déclarait en décembre Michael O'Flaherty, directeur de l'Agence des droits fondamentaux (FRA), un organe de l'UE. Un peu partout en Europe, les signes d'antisémitisme se font de plus en plus visibles, à tel point que la FRA évoque une «déferlante» qui menace «nos communautés juives mais aussi les valeurs sur lesquelles l'Union européenne s'est construite». Avant de dresser ce constat, l'agence a mené la plus vaste enquête du genre jamais réalisée. Plus de 16 000 personnes juives vivant dans douze Etats membres de l'UE y ont participé. Les résultats sont alarmants : 89 % des personnes interrogées estiment que l'antisémitisme a progressé dans leur pays ces cinq dernières années, 28 % déclarent avoir été harcelées. Et plus d'un tiers disent avoir envisagé d'émigrer pour raisons de sécurité. Cette enquête fait écho aux statistiques publiées dans les Etats membres, où la hausse se confirme. C'est le cas en Grande-Bretagne, où vit la deuxième communauté juive d'Europe après la France. Selon l'ONG Community Security Trust, qui vient de publier son rapport 2018, les actes antisémites ont augmenté de 16 % l'an dernier, passant de 1 420 à 1 652. Un troisième record consécutif. En Allemagne, selon le Centre de recherche et d'information sur l'antisémitisme (RIAS), 527 actes antisémites ont été recensés à Berlin au premier semestre 2018, contre 514 en 2017.
En Europe, des formations d’extrême droite sont accusées d’attiser l’antisémitisme. En Hongrie, le Fidesz du Premier ministre Viktor Orbán a mené l’an dernier des campagnes virulentes contre les migrants et contre George Soros, le milliardaire juif américain d’origine hongroise. Selon une étude commandée par CNN en 2018, l’antisémitisme semble très vivace au sein de la population hongroise. 42 % des Hongrois interrogés estiment ainsi que les Juifs ont trop d’influence dans la finance et les affaires dans le monde. Un record parmi les sept pays européens sondés.