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Diplomatie

En Pologne, une conférence sur l'Iran écartèle les Européens

Initié par les Etats-Unis, qui ont opté pour une ligne dure depuis un an, l'événement provoque la colère de Téhéran.
Manifestation de partisans du Conseil national de la résistance iranienne contre la République islamique d'Iran, à Varsovie, mercredi. (Photo AFP)
publié le 13 février 2019 à 18h45

L'affaire fait les gros titres de la presse iranienne. «Le triste cirque de Varsovie : le spectacle des Etats-Unis et d'Israël contre l'Iran fera du bruit, mais rien d'autre», écrit le quotidien conservateur Javan. «La Pologne jure qu'aucun commentaire hostile à l'Iran ne sera fait lors du sommet de Varsovie», modère le journal proche des réformateurs, Aftab-e Yazd. Pendant deux jours, la capitale polonaise accueille un événement qui provoque la furie des autorités iraniennes.

Initiée par les Etats-Unis, la conférence devait porter sur «l'influence déstabilisatrice» de l'Iran au Moyen-Orient, avant d'être élargie à la stabilité dans la région, sujet plus fédérateur. Elle s'inscrit dans la politique très dure mise en œuvre depuis un an par Washington, qui a rétabli unilatéralement des sanctions contre la République islamique, en violation de l'accord sur le nucléaire signé en 2015.

Les Européens restent déterminés à le sauver. Londres, Berlin et Paris ont élaboré un mécanisme, appelé Instex, pour permettre aux entreprises de continuer à commercer avec l'Iran dans les domaines agricole et pharmaceutique. Lors d'une conférence de presse mardi, le chef de la diplomatie polonaise, Jacek Czaputowicz, a tenté de faire le pont entre la position des Européens et celle de l'administration Trump : «L'Union européenne et les Etats-Unis perçoivent les mêmes menaces au Moyen-Orient ; nous différons parfois sur la manière de résoudre ces crises.» Le gouvernement conservateur polonais, quoique proche du pouvoir en place à Washington, soutient officiellement l'accord sur le nucléaire.

La plupart des Etats européens n’ont envoyé que des représentants de rang secondaire à la conférence, exception faite du secrétaire d’Etat britannique des Affaires étrangères, Jeremy Hunt. A l’opposé, les Etats-Unis ont dépêché le vice-président, Mike Pence, et le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo. Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou y interviendra ce jeudi. La Russie a refusé d’y participer et la Turquie se contente d’envoyer un diplomate en poste à Varsovie.

Depuis Téhéran, le ministre des Affaires étrangères iranien a tancé une conférence «mort-née». Le Guide suprême, plus haute autorité de l'Etat, s'est lui aussi exprimé sur le sujet. «Aujourd'hui, ils sentent qu'ils ont besoin d'une coalition de dizaines de pays […] pour affronter politiquement et militairement la République islamique. Et malgré cela, ils échoueront», a-t-il déclaré, faisant clairement référence aux Etats-Unis.