Ils, et surtout elles, ont entre 12 et 25 ans. Notre système éducatif, trop frileux, ne leur a guère enseigné les matières clés du XXIe siècle : le climat, l'écologie, la biodiversité. Notre système politique, trop court-termiste, relègue aux variables d'ajustement la lutte contre le changement climatique, seul véritable état d'urgence qui devrait pourtant être permanent. Notre système médiatique, avec ses «breaking news», a parfois renvoyé le diagnostic effrayant de l'anthropocène, l'autodestruction annoncée de la planète, à l'arrière-boutique de ses priorités.
Ils, et surtout elles, ont entre 12 et 25 ans et voient s'accumuler les rapports alarmistes sur le réchauffement climatique, se préciser les contours du syndrome du Titanic et se dérober leur avenir.
Nier le changement climatique, «la plus grande menace» qui pèse sur la planète, «c'est trahir les générations futures», avait lâché Barack Obama lors de son discours d'adieu en 2017. La génération actuelle au pouvoir serait la première à avoir pris conscience de l'ampleur des enjeux. Et la dernière à pouvoir agir si l'on considère qu'il reste deux ans pour se réveiller, avant des réactions en chaîne désastreuses. Las : le mouvement de désobéissance citoyenne des jeunes de pays occidentaux en dit long sur la frilosité, la tétanie ou la cécité des leaders politiques et économiques…
Ils, et surtout elles, ont entre 12 et 25 ans et perçoivent, eux, de plus en plus, les contradictions de l'économie de marché, irréconciliable avec l'écologie. Ils s'alarment d'un capitalisme de rente qui cannibalise la planète. Ils font le lien entre bouleversements climatiques majeurs, vagues migratoires et essor des régimes autoritaires. Si la lutte climatique est aujourd'hui un impératif démocratique, ils incarnent une planche de salut, l'espoir d'un véritable nouveau monde, une désobéissance heureuse face à l'aveuglement. Dans nos colonnes, Edgar Morin a cité récemment Friedrich Hölderlin : «Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve.» Ce sont eux, qui ont entre 12 et 25 ans. Ils sont l'insurrection verte qui vient.