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Libération

Mur de Trump : seize Etats attaquent l’urgence nationale

publié le 19 février 2019 à 20h26

Les bras de fer politiques, aux Etats-Unis, se concluent souvent devant les tribunaux. Le mur de Donald Trump ne fait pas exception. Lundi, une coalition de 16 Etats, menée par la Californie, a déposé un recours en justice contre la décision du président américain de décréter l'urgence nationale pour honorer la promesse phare de sa campagne de 2016 : construire un mur à la frontière avec le Mexique. Cette décision, dénoncent les plaignants, constitue «un mépris flagrant des principes fondamentaux de séparation des pouvoirs».

En vertu de la Constitution américaine, le Congrès tient en effet les cordons de la bourse. C’est lui qui, par la loi, doit autoriser toute dépense publique. Incapable de faire voter par la Chambre et le Sénat les crédits budgétaires pour le mur, Trump a décidé vendredi de contourner la branche législative en recourant à une procédure d’urgence. Elle lui permet de rediriger environ 8 milliards de dollars (plus de 7 milliards d’euros) de fonds fédéraux déjà alloués, notamment au Trésor et au Pentagone, vers le chantier du mur.

Pour justifier leur recours devant un tribunal fédéral de San Francisco, les Etats impliqués invoquent leur devoir «de protéger leurs résidents, ressources naturelles et intérêts économiques» des actions «illégales et inconstitutionnelles» du Président. En redirigeant vers le mur des milliards alloués à la lutte antidrogue ou à la construction d'infrastructures militaires, l'administration Trump, affirment les plaignants, risque «de porter préjudice à [leur] sécurité publique», de causer «du tort à [leurs] économies» et «des dégâts environnementaux irréparables». Enfin, ils remettent en cause le caractère d'urgence sécuritaire, en se fondant notamment sur les statistiques officielles, qui montrent que les entrées illégales via le Mexique sont presque au plus bas niveau depuis quarante-cinq ans.

Si les Etats obtiennent gain de cause en première instance, il reviendra à une cour d’appel de trancher. Avec une Cour suprême où il a nommé deux juges, Trump a des raisons d’être optimiste. Cependant, alors que l’échéance de l’élection de 2020 se profile déjà, la procédure en justice pourrait durer des mois, voire plus, empêchant tout démarrage des travaux.