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Libération

La fonte des fonds étrangers

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publié le 21 février 2019 à 19h16

Depuis la crise ouverte entre la Russie et les pays occidentaux, déclenchée par l’annexion de la Crimée en 2014, les investissements directs en Russie sont en chute libre. Estimés à plus de 70 milliards de dollars en 2013, ils ne représentaient plus que 7,3 milliards de dollars en 2018, d’après les statistiques de la Banque centrale russe. En 2017, les deux tiers des maigres sommes restantes provenaient de Chypre, des îles Vierges, des Bahamas et des Bermudes, signe qu’il s’agissait en réalité de rapatriements de fonds russes dissimulés dans des paradis fiscaux. En 2014, la Russie quittait pour la première fois en dix ans le top 25 des pays les plus attractifs pour les investissements étrangers.

En cause, les sanctions occidentales touchant des secteurs clés de l'économie, dont l'effet psychologique sur les potentiels investisseurs dépasse largement la portée légale, et ce malgré le volontarisme affiché de Moscou pour réduire l'hémorragie : simplification de la législation et des procédures de création d'entreprise, création de zones franches, numérisation et allégement des procédures administratives… Mais ces réformes bien réelles, saluées par la Banque mondiale, se heurtent à une corruption encore très élevée (en 2018, la Russie se classait au 138e rang mondial sur l'indice de la corruption perçue de l'ONG Transparency International), à la volatilité de la monnaie russe, passée de 43 à 75 roubles pour un euro en cinq ans, et au risque géopolitique du pays, alors que de nouveaux trains de sanctions sont régulièrement annoncés par l'Union européenne et les Etats-Unis.