Ils étaient cinq face caméra. Diffusée en mars 2017, la vidéo montrait cinq chefs jihadistes du Sahel annonçant la création d'une coalition, le «Groupe pour le soutien de l'islam et des musulmans» (GSIM, connu par l'acronyme en arabe Jnim). Deux sont toujours en vie. La ministre des Armées a déclaré vendredi que Yahya Abou al-Hammam, commandant d'Al-Qaeda au Maghreb islamique, avait été tué la veille au nord de Tombouctou.
Présenté comme le «numéro 2» du Jnim (après le chef de l'organisation, Iyad ag-Ghali) et le «chef de l'émirat de Tombouctou», il a été «intercepté» et abattu par les militaires français de l'opération Barkhane alors qu'il se déplaçait en convoi. D'autres jihadistes ont été tués dans ce raid. Yahya Abou al-Hammam, de nationalité algérienne, était recherché depuis des années. «La disparition d'un chef de premier plan permet de démanteler les réseaux et d'enrayer la dynamique du terrorisme dans la région. Sans chef, plus de direction ni de coordination : les combattants sont désemparés», se félicite Florence Parly.
Djamel Okacha, de son vrai nom, appartenait à la branche «historique» du terrorisme islamique algérien venu s’implanter dans le Sahara au début des années 2000. Ex-membre du GIA puis du GSPC, Okacha a bâti, aux côtés de ses compatriotes Mokhtar Belmokhtar et Abou Zeïd, la franchise sahélienne Al-Qaeda au Maghreb islamique, dont il était devenu l’émir pour la zone du Sahara. L’homme avait réussi à s’enraciner dans la région de Tombouctou en s’alliant à des familles arabes locales, en se finançant avec des enlèvements d’Occidentaux et en faisant planer la terreur à coups d’assassinats ciblés.
L'armée française, qui déploie 4 500 militaires dans la région, dont 2 700 sur le seul territoire malien, a déjà éliminé deux hauts responsables du Jnim. Ce qui n'a pas enrayé la violence au Mali, où la France intervient militairement depuis 2013. Ces questions figurent à l'agenda d'Edouard Philippe, au Mali jusqu'à dimanche. Le Premier ministre rendra visite aux militaires français et doit rencontrer son homologue et le Président, Ibrahim Boubacar Keïta, réélu cet été, afin de montrer son «soutien au processus politique mené par le gouvernement malien». Un dernier volet sera dédié au développement, perçu comme l'une des clés pour enrayer la violence.