Après une courte nuit passée collés à leurs transistors et à leurs téléphones portables, les Sénégalais se réveillent dans le brouillard. Le camp du chef de l'Etat sortant revendique une victoire dès le premier tour à l'élection présidentielle de dimanche – le chef du gouvernement affirmant dans la nuit que Macky Sall avait récolté «au moins 57%» des suffrages. Une heure plus tôt, ses deux principaux adversaires, Idrissa Seck et Ousmane Sonko, avaient pourtant écarté cette possibilité. «A ce stade, un deuxième tour s'annonce», a déclaré le premier. «Dans l'état actuel du dépouillement, aucun candidat, je dis bien aucun candidat, moi y compris, ne peut se proclamer vainqueur de l'élection présidentielle», a ajouté le second, lors d'une conférence de presse commune aux deux opposants.
Le scrutin s'est déroulé dans le calme – les missions d'observation nationales et internationales n'ont relevé aucun incident majeur – et a enregistré une forte participation. Toute la nuit, les médias sénégalais ont fiévreusement égrené les scores des candidats bureau de vote par bureau de vote sans parvenir à dégager une tendance suffisamment précise à l'échelle du pays. D'après les premiers chiffres, Ousmane Sonko et Idrissa Seck semblent nettement distancés par Macky Sall, mais le président-candidat a-t-il franchi la barre des 50% ? Il avait fait de ce «coup K.-O.» l'objectif affiché de sa campagne. Les résultats officiels doivent être publiés dans chaque département avant mardi à midi.